Les COREVIH, mis en place depuis 2006 mais effectifs depuis moins longtemps, ont organisé, avec l’aide de Décision Santé (du groupe CMP Medica, dont fait partie « le Quotidien »), des forums en région. Un colloque national qui s’est tenu à Paris a permis d’en proposer une synthèse, tout au moins celle des actions menées dans quatre régions.
« Les COREVIH sont une occasion à ne pas rater pour améliorer l’accès aux soins. » Le Dr Denis Lacoste, président honoraire de la SFLS (Société française de lutte contre le SIDA) et qui préside le COREVIH d’Aquitaine, tout en s’inquiétant de la réduction des moyens budgétaires, s’est félicité des nombreuses actions menées dans sa région. En Aquitaine, les deux priorités sont d’une part le partage de la prise en charge entre la ville et l’hôpital et d’autre part l’éducation thérapeutique. « Cela signifie l’implication des équipes, leur motivation et... un budget. Les hôpitaux ont clairement eu du mal à récupérer ces enveloppes. » « La démocratie sanitaire a un coût », a martelé Catherine Aumond, présidente d’AIDES Grand Ouest et présidente du COREVIH Centre et Poitou-Charentes.
La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, qui ouvrait le colloque, a pourtant tenu à rappeler que la France reste le deuxième contributeur au Fonds mondial et le premier contributeur européen, en précisant que « pour que les missions qui ont été confiées (aux COREVIH) puissent être mises en œuvre, notamment à l’aube du plan de renforcement de la lutte contre le VIH, une allocation supplémentaire de 600 000 euros a été prévue pour cette année 2010 et de 1,2 million d’euros pour 2011 ».
Dans le Nord-Pas-de-Calais, 4e ARS après Paris, Lyon et Marseille, l’accent est mis sur le dépistage, et en particulier le dépistage en milieu carcéral et auprès des personnes transsexuelles. « Il est assez simple de faire quelque chose dans le Pas-de-Calais, car il y a tout à faire », ironise Didier-Hugo Incigneri, le vice-président du COREVIH, qui insiste : « Le dépistage, on n’en fait pas encore assez. »
Témoignages.
Le Dr Thierry Prazuck, vice-président du COREVIH Centre et Poitou Charentes, a d’abord tenu à souligner « l’inéquité entre les différents comités ». Puis il a présenté la traduction très concrète de deux des actions phares du COREVIH. Le comité a tout d’abord réalisé un DVD sur l’annonce de la séropositivité, avec des témoignages de patients à visage découvert, à l’adresse de leurs « pairs atteints du VIH », selon le Dr Prazuck. « Lors d’un entretien médical, on sait que dans 50 % des cas, des informations sont données au patient. Et que 33 % d’entre eux simulent la compréhension des termes techniques et n’osent pas demander d’explications ». Le DVD s’appelle « Vihvre ». Il a été distribué à 2 000 exemplaires en Poitou-Charentes et il est disponible pour tous les COREVIH.
La région s’est par ailleurs penchée sur l’épineux problème de l’insertion professionnelle des personnes atteintes du VIH. « On s’est rendu compte de la corrélation entre une partie de la file active qui a une charge virale détectable ou qui est en échec thérapeutique et une situation de précarité, de non-emploi, de mésestime de soi. » Le comité s’est rapproché des acteurs de l’insertion professionnelle et, grâce au soutien de deux laboratoires pharmaceutiques, il a conçu un dispositif « adapté à la population touchée », c’est-à-dire une population féminine à 90 % et subsaharienne à 80 %. « Lorsqu’on remet les patients dans une estime d’eux-mêmes, de recherche d’emploi ou de formation, nous avons pu constater des résultats probants sur le suivi thérapeutique. Cet outil, projet local qui devient birégional, offre notamment la possibilité à des patients de ne plus pénétrer le marché de l’emploi par le bas et aussi de s’approprier leur maladie chronique. »
Quant aux Pays de la Loire, ils se sont fixé deux priorités. D’abord un recueil épidémiologique complet sur l’ensemble de la région, lequel conditionne les financements. Ensuite le recensement des structures et des partenaires, afin de « cerner l’environnement et de faire le lien avec les réseaux », explique le Dr Éric Billaud, président du COREVIH mais également de la SFLS. Lui aussi insiste sur la nécessaire réduction des risques en prison et sur un plan d’échange de seringues. « L’administration pénitentiaire n’est pas prête et je crois que les professionnels non plus. Confier des seringues à des personnes incarcérées pose encore problème, heurte encore certaines susceptibilités. Nous attendons une volonté politique en ce sens, qui devra passer par l’interaction entre le ministère de la Santé et de la Justice. »
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