Prendre en charge à un stade précoce la maladie d’Alzheimer (MA) peut permettre de mieux préserver l’autonomie malgré l’évolution de la maladie, par exemple en informant et formant l’entourage, éviter les situations susceptibles d’accentuer l’atteinte cognitive.
« Il est préférable de parler de diagnostic au moment opportun plutôt que de diagnostic précoce qui, compris textuellement, peut poser des problèmes éthiques. Mais dans notre expérience l’impact positif sur la prise en charge est réel. Il convient bien sûr d’en discuter avec le patient », préconise le Dr Emmanuel Cognat, neurologue au Centre de Neurologie Cognitive, Centre mémoire de ressource et de recherche, Groupe Hospitalier Lariboisière Fernand-Widal. Un diagnostic précoce « donne la possibilité d’agir en amont, quand persiste une capacité d’apprentissage. À ce stade, la stimulation cognitive par orthophoniste, la mise en place de routines, etc. sont plus efficaces. Par exemple les équipes spécialisées Alzheimer peuvent au domicile repérer l’endroit où le patient porte le plus souvent le regard, et y placer un tableau aide-mémoire… il aura le temps de prendre l’habitude de le regarder et saura y revenir. La mémoire procédurale est longtemps préservée dans la maladie d'Alzheimer », insiste le clinicien.
La recherche de biomarqueurs
Le syndrome de trouble cognitif léger ou mild cognitive impairment (MCI), associe des plaintes mnésiques ne retentissant pas sur les activités de la vie quotidienne à des anomalies cognitives aux tests neuropsychologiques. « Le MCI n’est pas une maladie. Il peut régresser, comme constituer le stade précoce de maladie neuro-dégénérative dont Alzheimer », souligne le Dr Cognat. Si la notion de MCI intéresse, c’est que des biomarqueurs en développement permettent dans cette population d’identifier les patients qui présentent une maladie « débutante » : biomarqueurs Tau et amyloïde du liquide cérébrospinal (ponction lombaire), imagerie métabolique (PET scan amyloïde pour visualiser les plaques amyloïdes intracérébrales)… avec une recherche active pour mettre au point des biomarqueurs non invasifs et moins coûteux (signes neuro-dégénératifs rétiniens, examens sanguins).
Recherche de traitements
C’est aussi dans cette population que des espoirs de traitements ayant un impact sur l’évolution de la maladie existent. L’axe anti-amyloïde est le plus étudié. Les immunothérapies par anticorps (AC) monoclonaux anti-amyloïdes pour éliminer les plaques amyloïdes restent d’actualité malgré l’échec du solanezumab. L’aducanumab, prometteur en phase Ib (baisse de la charge amyloïde et amélioration des paramètres cognitifs pour ainsi dire proportionnels à la dose), a été autorisé à passer directement en phase III, moyennant une vigilance vis-à-vis de complications cérébrales potentielles (EMERGE, essai international auquel participe la France). Les inhibiteurs de BACE1 (enzyme de synthèse du peptide amyloïde) sont une autre piste. D’autres axes sont testés, les AC anti-Tau (phases III prévues) et les inhibiteurs de kinases inhibant la mort neuronale (phase I). La recherche de traitements symptomatiques demeure active. Pour contrer les troubles du comportement, plusieurs antipsychotiques atypiques sont à l’étude. « Un axe de recherche important car nous sommes souvent démunis et les traitements sont prescrits hors AMM », note le Dr Cognat. Dans la maladie à corps de Lewy (20 % des maladies neuro-cognitives dégénératives), les résultats d’un premier essai de traitement symptomatique par antagonistes sérotoninergiques sont attendus en 2018. Des approches non médicamenteuses qui visent à limiter les symptômes de la maladie par stimulation magnétique transcrânienne ou par stimulation électrique à courant continu sont également testées.
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