« C’EST la première fois qu’une étude permet d’établir le sens d’une transmission », souligne le Dr Michael Metzker. En 2009, il a fait partie d’un groupe de chercheurs dont les travaux ont conduit à faire condamner, à 45 ans de prison, Philippe Padieu, accusé d’avoir eu des rapports sexuels avec plusieurs femmes en cachant sciemment sa séropositivité pour le VIH/sida.
L’analyse philogénétique réalisée par les experts du Baylor College of Medicine et l’université du Texas (Austin) a en effet pesé lourd dans la décision. Ces derniers expliquent dans un article publié en ligne dans les Annales de l’Académie nationale américaine des sciences (PNAS) du 15 novembre comment ils ont pu déterminer la source de la contamination.
« L’étude a été réalisée en aveugle », souligne le Dr Metzker. Les chercheurs, au moment de l’analyse ne savaient pas l’origine des prélèvements, celui de l’accusé ou celui des victimes. « Chez un individu séropositif, il n’y a pas qu’une seule souche virale mais une population de souches virales en raison des fréquentes mutations du virus et de la production de nouvelles particules virales. Toutefois, au moment d’une contamination, seulement un ou deux virus sont transmis », poursuit le scientifique. Selon lui, « près de 75 % des infections à VIH résultent d’un virus unique ». Les experts ont su tirer profit de ce « goulot d’étranglement génétique ».
En effet, en dépit des mutations du virus et de la multiplicité des souches, il devient possible d’identifier le virus « ancêtre » de tous les autres. L’analyse phylogénétique a de fait permis de reconstruire l’histoire de l’infection dans chaque cas de transmission. Les chercheurs ont notamment comparé deux régions du virus, env et pol, et utilisé un modèle mathématique pour prédire l’évolution. Ce n’est qu’après avoir déterminé le prélèvement contenant le virus à l’origine de l’infection que les codes ont été levés. Dans chaque cas le prélèvement qu’ils ont estimé être à l’origine de la contamination appartenait à l’accusé.
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