DEUX ASSOCIATIONS de famille de malades psychiques menacent de saisir conjointement les tribunaux contre une série de jouets en plastique baptisés « Skyzos », si le fabriquant Panini ne consent pas à en changer le nom. « Le nom de ces jouets est méchant et malveillant, nous avons protesté auprès du fabriquant et nous étudions la possibilité d’aller devant les tribunaux », proteste Nathalie Prunier, de l’association de familles de malades Schizo Espoir, basée à Colmar. Même réaction du côté de l’Union nationale des amis et familles de malades psychiques (UNAFAM), alertée par une récente campagne de publicité pour les « Skyzos », qui se déclinent en figurines et en autocollants. Selon son président, Jean Canneva, « on ne joue pas avec la maladie, c’est trop sérieux. La souffrance d’autrui ne nous fait pas rire, ce n’est pas négociable. »
Les associations critiquent en particulier le fait que les figurines sont présentées comme dotées de « deux personnalités », une bonne et une mauvaise, ce qui correspond à certaines images fausses sur la schizophrénie, estime l’UNAFAM. Sur le jouet, le mauvais côté est signalé par le signe « - » et le bon par le signe« + ».
La direction de Panini France, qui indique prendre « très au sérieux » la colère des associations, plaide sa « complète bonne foi ». Elle assure n’avoir « jamais pensé » à la schizophrénie en baptisant ces figurines, dont le nom, prétexte-t-elle, doit se prononcer à l’anglaise, « Skaïzosse ». « Loin de nous l’idée d’attaquer qui que ce soit », se défend Alain Guerrini, le patron de la filiale française du groupe italien, qui reconnaît craindre un « préjudice financier, marketing et commercial » si le produit venait à être retiré du marché. « Nous allons discuter avec l’UNAFAM, et trouver la voie étroite qui permette, tout en répondant à leur attente, de ne pas trop décevoir nos clients ».
Ne pas stigmatiser ceux qui souffrent.
Mais quelle est la population ciblée, se demande la psychiatre Hélène Lida-Pulik (Versailles). « Je trouve que cette dénomination est irréfléchie et n’a pas beaucoup de signification » pour les enfants destinataires. En revanche, elle démontre « un irrespect vis-à-vis des malades et de leurs familles ». La schizophrénie possède de multiples tableaux, dont une forme simple qui, traitée, évolue bien, rappelle la psychiatre infanto-juvénile. Cela va à l’encontre de l’image véhiculée qui consiste à faire de la schizophrénie une maladie effrayante voire dangereuse. S’il est nécessaire de démystifier cette pathologie pour mieux l’appréhender, insiste le Dr Lida-Pulik, il est tout aussi important de ne pas stigmatiser ceux qui en souffrent.
« Ce qui est insupportable, c’est que la souffrance psychique n’est pas prise au sérieux », déplore le psychiatre Michel Lejoyeux (Bichat). On n’imaginerait pas une figurine frappée d’Alzheimer, cite-t-il en exemple, en regrettant que le lexique des troubles psychiques soit « pillé par le langage commun ». Fin 2003, l’UNAFAM avait obtenu devant un tribunal de Nanterre l’interdiction d’un singe parlant en peluche baptisé « Nazo le schizo » et qui tenait des « propos incohérents ». La justice avait estimé que le jouet portait « atteinte à la dignité des malades ».
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