La prévention est le grand défi à relever dans la maladie d'Alzheimer, à visée à la fois de santé publique (compte tenu du risque lié à l'âge), et plus spécifiquement pour les personnes à risque. C'est ce que s'accordent à dire plusieurs experts de la maladie neurodégénérative, à l'occasion de la Journée mondiale Alzheimer le 21 septembre, notamment le Pr Mathieu Ceccaldi (responsable du centre Mémoire de Ressources et de Recherche Alzheimer PACA Ouest, à l'hôpital de la Timone, Marseille) et le Dr Stéphane Epelbaum (hôpital de la Pitié-Salpêtrière et Institut du Cerveau et de la Moelle, à Paris).
« Demain, le patient sera vraiment au cœur de sa propre prise en charge préventive », projette le Dr Epelbaum. L'enjeu est de taille, d'autant qu'il n'existe aucun traitement curatif. La prévalence de la maladie d'Alzheimer ne cesse d'augmenter avec le vieillissement des populations, avec environ 47 millions de personnes atteintes de démences dans le monde, selon l'OMS, et près de 10 millions de nouveaux cas chaque année. En France, 900 000 personnes sont touchées par Alzheimer ou une maladie apparentée (dégénérescence fronto-temporale, démence vasculaire).
Une prévention à deux niveaux
Comme le développe le Pr Ceccaldi, la prévention s'effectue à 2 niveaux : la prévention pour tous « afin de retarder la maladie ou d'en atténuer les symptômes », notamment via l'activité physique, l'alimentation, les activités cognitives, l'évitement de l'isolement ; et la prévention secondaire pour les personnes « à risques ».
Pour ces personnes à risque, l'enjeu premier est de les identifier, ce qui pourrait être fait à l'aide d'un questionnaire détaillé en ligne sur Internet, propose le Dr Epelbaum. Une fois identifiées, ces personnes « pourraient alors se référer à un centre expert comme le nôtre et bénéficier très précocement d'essais cliniques ou thérapeutiques pour freiner voire stopper un déclin cognitif éventuel et une potentielle maladie d'Alzheimer », explique le neurologue chercheur parisien.
Des questions autour des essais de prévention
Pour le Dr Epelbaum, il est possible que les médicaments contre les plaques amyloïdes se révèlent enfin efficaces « s'ils sont donnés au bon moment », ce qui implique « d'identifier la bonne population et de la traiter suffisamment tôt et pendant suffisamment longtemps pour prévenir la maladie », développe-t-il.
Les essais de prévention chez des sujets asymptomatiques ne sont pas sans poser des questions éthiques. Alors qu'aucun essai n'a été encore accepté en France, ces essais d'un genre nouveau ont cours depuis plusieurs années outre-Atlantique. C'est à l'initiative du laboratoire d'excellence DISTALZ que la question de l'acceptabilité sociale d'un traitement expérimental administré des années en amont de la survenue potentielle des premiers symptômes a été abordée au cours de l'université d'été « Éthique, Alzheimer et maladies neurodégénératives », qui s'est déroulée du 11 au 13 septembre à Lyon. Pour les chercheurs, il devient nécessaire « que la réflexion éthique se saisisse de ces nouveaux enjeux pluridisciplinaires pour questionner et accompagner le développement de ce tournant préventif », est-il expliqué.
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