Depuis quelques années, une prise de conscience collective a émergé au sujet des dangers de l’utilisation des pesticides et autres intrants chimiques pour la santé et l’environnement. Émanciper l’agriculture de la protection chimique de synthèse requiert de trouver de nouvelles solutions ; le biocontrôle est l’une d’entre elles. Ce terme désigne un ensemble de méthodes permettant de lutter contre les agresseurs biologiques, fondées sur l’utilisation de mécanismes naturels et d’organismes vivants. « En tant qu’organisme public de recherche, l’Inra explore les différentes voies pour remplacer ou diminuer l’utilisation de produits phytopharmaceutiques dans l’agriculture. Le biocontrôle bénéficie d’avancées considérables. Les chercheurs étudient de près la façon dont les plantes interagissent avec leur environnement. Ils réfléchissent également à des logiques de prophylaxie afin que les plantes soient moins attaquées », souligne Christian Huyghe, directeur scientifique Agriculture de l’Inra.
L’Inra travaille en partenariat avec d’autres structures, notamment au sein du consortium Biocontrôle (1) regroupant 48 entités publiques et privées ayant pour objectif d’accompagner l’essor de l’industrie française du biocontrôle et participant à la coordination des initiatives de recherche, de développement et d’investissement dans ce domaine. « La protection des cultures représente un marché de 2 milliards d’euros en France. Le biocontrôle est en pleine croissance et en profonde transformation. Un fonds annuel mutualisé de 800 000 euros alimente l’activité du consortium. Les entreprises françaises concernées y contribuent en fonction de leur taille », précise Christian Huyghe.
Une initiative de l’Inra
Insecticides biologiques, médiateurs chimiques, organismes auxiliaires efficaces…, les possibilités pour lutter naturellement contre les bioagresseurs sont multiples. L’Inra a renforcé ses recherches sur le développement d’agents et de substances de biocontrôle. Ainsi, son centre de Bordeaux travaille à la caractérisation des interactions des bioagresseurs (septoriose du blé et mildiou de la vigne) avec le microbiome de leurs plantes hôtes, avec pour objectif d’identifier de nouvelles espèces antagonistes ou protectrices.
L’Inra analyse également l’écologie chimique des insectes ravageurs et met au point des stratégies de biocontrôle utilisant des phéromones (attractifs sexuels entre individus appartenant à la même espèce) et des kairomones (substances chimiques émises par une espèce qui déclenche une réponse chez une autre). Le projet Demeter de l’UMR IEES (Versailles), par exemple, modélise informatiquement et tente de reproduire in vitro les récepteurs olfactifs d’insectes ravageurs pour démultiplier les capacités de criblage de molécules odorantes attractives ou répulsives. « Pour protéger les cultures, nous travaillons beaucoup sur la confusion olfactive (pièges à phéromones, notamment). Pour cela, il faut travailler sur la génomique et la neurologie des insectes. Il s’agit d’une recherche fondamentale. Notre défi, pour les années à venir, sera d’être capables de développer le biocontrôle en culture ouverte, de travailler à l’échelle d’un paysage. En 2012, nous avons mis en place un grand programme dont la finalité est de créer une interdisciplinarité sur la protection des cultures », explique Christian Lannou, chef du département Santé des plantes et Environnement de l’Inra.
L’organisme mène une multitude d’autres travaux, dont certains ont déjà porté leurs fruits, axés sur les stratégies de biocontrôle via des macro-organismes et des substances naturelles qui se substituent, totalement ou partiellement, aux produits phytosanitaires.
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