Déni
Si l’anorexie et la boulimie avérées touchent respectivement 0,9 et 1,5 % de la population générale féminine et 0,3 à 0,5 % des hommes, les formes atténuées de ces troubles concernent un pourcentage nettement plus important des adolescents et jeunes adultes (jusqu’à 20 % dans certaines études).
Le fait que ces troubles du comportement alimentaire s’installent souvent insidieusement et fassent pendant longtemps l’objet d’un déni, plus ou moins partagé par l’entourage, contribue à retarder le moment du diagnostic et de la mise en place d’un accompagnement thérapeutique.
Des évolutions vers la chronicité et des pertes de chance peuvent en résulter dès lors que ces expressions comportementales témoignent en règle de difficultés développementales, à la période de l’adolescence, qui justifient une prise en charge pluridisciplinaire prolongée (au moins dans les formes sévères). C’est pourquoi il est important que le médecin soit attentif à des signes et symptômes dont l’association est très évocatrice.
Dépistage
Même s’il ne faut oublier ni les garçons, ni les femmes plus âgées, il s’agira, chez une adolescente, d’une modification importante de la courbe de poids, avec en particulier une chute inexpliquée de l’IMC (inférieur à 18), de la survenue d’une aménorrhée, et de préoccupation inhabituelles et obsédantes concernant l’alimentation, le poids et l’image du corps.
Un certain repli relationnel, ainsi qu’une hyperactivité physique notable peuvent s’y associer dans les formes anorexiques restrictives, alors que dans les formes boulimiques, des éléments dépressifs ainsi que des répercussions des conduites de vomissements ou de purges seront retrouvées (désordres électrolytiques, atteintes bucco-dentaires et inflammations des glandes salivaires, notamment).
Premières vérifications
Les premières vérifications médicales en cas de sous-poids concernent :
- l’évaluation de la rapidité de l’amaigrissement,
- la fréquence cardiaque (ne doit pas être inférieure à 50/mn),
- La température corporelle (ne doit pas être inférieure à 36 °C)
- des dèmes des membres inférieurs,
- l’existence d’une neutropénie, d’une augmentation des enzymes hépatiques (non supérieures à trois fois la norme), d’une hypokaliémie, ou d’un syndrome de dilution par l’eau etc).
Intervention
Sans attendre la survenue éventuelle de signes marqués de dénutrition pouvant représenter une véritable urgence vitale ou encore d’une détresse psychologique, individuelle et familiale, marquant habituellement la bascule du déni, le médecin traitant a tout intérêt à s’appuyer sur les données de son examen pour soulever, prudemment mais sans ambiguïté, la réalité d’une situation difficile et à risque (quelle que soit la pleine forme affichée), nécessitant un suivi et des évaluations régulières.
Cette étape initiale de repérage et d’aide à la prise de conscience progressive de ce qui est dénié et agi à travers la conduite, participe en effet à la constitution d’une alliance thérapeutique qui est un préalable à la définition et à la mise en place d’un projet thérapeutique adapté, faisant appel aux ressources disponibles en proximité (avec l’ambition, chaque fois que c’est possible, de conjuguer des approches nutritionnelles et corporelles, psychologiques et familiales).
Les contacts entre soignants et la coordination des soins représentent des facteurs très favorables à une bonne évolution.
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