À l'occasion de la dernière Journée mondiale des lépreux, la Fondation Raoul Follereau a rappelé que la lèpre, bien qu'invisible sous nos latitudes, continue de sévir parmi les populations les plus pauvres du globe et contre laquelle une stratégie concertée est désormais déployée.
Depuis le début des années 1980, la mise à disposition d'un traitement efficace à l'échelle des populations touchées (principalement en Afrique subsaharienne et en Asie) a permis de guérir 16 millions de personnes infectées par Mycobacterium leprae (M. leprae). Grâce à l'administration en première intention d'une polychimiothérapie (PCT) composée de 3 antibiotiques (dapsone, rifampicine et clofazimine) pendant 24 mois, le nombre de nouveaux cas atteints par cette maladie chronique qui entraîne des lésions des nerfs périphériques, de la peau et des muqueuses a été divisé par trois depuis cette époque. Cependant, depuis 10 ans, la courbe ne fléchit plus et stagne à environ 211 000 nouveaux cas chaque année dont 10 % concernent les enfants.
Incubation longue et forte stigmatisation
Bien que peu contagieuse, la lèpre à une période d'incubation qui peut aller jusqu'à 10 ans sans signe clinique apparent. Par ailleurs, les premières manifestations visibles sont des tâches de dépigmentation sur la peau, ressemblant à de simples dermatoses. Ces particularités, associées à la très forte stigmatisation sociale qui frappe les malades atteints, expliquent en grande partie les difficultés rencontrées par les équipes médicales impliquées sur le terrain à stopper la chaîne de transmission. Forte de ce constat, la Fédération des associations internationales de lutte contre la lèpre (ILEP) a décidé, en 2003, de déployer une stratégie commune pour infléchir cette tendance à la stagnation de l'incidence annuelle au niveau mondial qui repose sur 3 piliers : stopper la transmission par le biais d'un dépistage actif, prévenir les invalidités entraînées par les complications neurologiques et combattre l'exclusion sociale dont sont victimes les personnes atteintes.
Les nouveaux antituberculeux à l'étude contre la lèpre
La bactérie responsable de la lèpre n'ayant jamais pu être cultivée en laboratoire, l'élaboration d'un vaccin est une option qui n'est pas à l'ordre du jour. Cependant, d'autres axes de recherche sont actuellement étudiés pour prévenir la maladie, limiter sa transmission et réduire la durée des soins. Sur l'ensemble de ces points, la fondation Raoul Follereau a entamé des travaux concrets, notamment sur la mise en place d'un traitement alternatif à la PCT dont les effets secondaires importants et la durée de traitement favorisent la non-observance et les risques de résistance. D'après le Pr Stewart Cole, président de la commission scientifique et médicale de la fondation Raoul Follereau, les premiers résultats d'une étude impliquant les nouveaux antituberculeux, comme la bédaquilline, dans le traitement de la lèpre sont d'ailleurs très prometteurs. Les recherches s'orientent également vers de nouveaux tests de dépistage plus précoces, plus faciles d'utilisation, plus sûrs et mieux adaptés au terrain.
Un réservoir animal pourrait être en cause
Dans un article publié dans la revue médicale « Science » en novembre dernier, le Pr Cole et son équipe ont confirmé l'existence de la lèpre dans le monde animal. Des analyses effectuées sur des écureuils présents sur les îles britanniques ont révélé la présence du bacille M. Leprae, ainsi que celle de M. Lepromatosis découvert en 2008, chez tous les animaux qui affichaient des signes cliniques et également sur plus de 20 % de ceux qui ne présentaient aucune marque. Par ailleurs, les plus proches parents de la souche M. leprae rencontrée chez ces écureuils, s'avèrent provenir de l'Europe médiévale puisqu'identifiés sur des restes humains datant de 730 ans et retrouvés dans la même région, ainsi que sur les tatous à 9 bandes du sud des États-Unis. Ces découvertes ouvrent donc la voie à une très vraisemblable contamination homme/animal et pourraient également expliquer les raisons de la stagnation de l'incidence de la lèpre dans des régions où est consommée de la viande d'animaux sauvages, potentiels réservoirs du bacille.
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