C’EST UNE RÉUNION de compétences et d’enthousiasme qui a produit ce livre. Un historien d’art, Yvan Brohard, a découvert les 45 médaillons qui ornent les façades du centre universitaire des Saints-Pères, la « nouvelle faculté de médecine », à Paris. Réalisés dans les années 1950 par 14 sculpteurs, prix de Rome pour la plupart, ils sont les témoins du long cheminement de la pensée jusqu’au XVIe siècle, puisque la seconde série prévue, jusqu’au XXe,ne fut jamais réalisée. Le projet d’une histoire de la médecine suivant la piste des médaillons était né, suscitant l’enthousiasme d’Axel Kahn, président de l’université Paris-Descartes, du doyen de la faculté de médecine Patrick Berche et de Jean-Claude Ameisen, président du comité d’éthique de l’INSERM. Les riches fonds de la Bibliothèque interuniversitaire de médecine (BIUM) ont fourni la majeure partie des 180 illustrations.
À travers trois grandes thématiques (la découverte du corps, la découverte du monde vivant invisible et l’univers intérieur avec les mondes de l’esprit), les auteurs relatent l’histoire de la pensée médicale et de ses tâtonnements, voire de ses errements, une découverte n’étant pas forcément suivie d’une avancée médicale. « Il y a un décalage entre l’avancée des sciences et la coexistence de préjugés antérieurs », note Axel Kahn. À suivre l’exposé du doyen Berche, les anciens avaient « presque tout trouvé », avant « un grand sommeil pour la science de mille ans ». Puis, à partir de la Renaissance, en Occident, le savoir médical va s’enrichir sans cesse : dissections de Vésale, entrée dans le quantitatif avec Harvey, découverte de l’invisible avec le microscope de Leuuwenhoek, contamination mise en évidence par Semmelweis, théorie des germes de Louis Pasteur, antisepsie de Lister. Sans toujours se diffuser.
Les auteurs ne vont pas plus avant, excepté dans le chapitre sur le cerveau et la naissance de la psychiatre, remettant à une publication ultérieure la période où la médecine va enfin pouvoir guérir. L’ouvrage a le mérite de susciter la réflexion et de rapprocher l’art de la médecine, comme, souligne Axel Kahn, au temps où l’on ne faisait « pas de différences entre les différents aspects de la créativité de l’esprit ». Plus qu’un livre à ranger dans sa bibliothèque, c’est « une histoire » à compulser.
« Une histoire de la médecine ou le souffle d’Hippocrate », Université Paris Descartes- Éditions de La Martinière, 222 pages, 35 euros.
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