DE NOTRE CORRESPONDANTE
« CETTE ÉTUDE preuve de concept confirme que l’investissement dans les anneaux vaginaux, en tant que système de délivrance pour la prévention du VIH, porte ses fruits », estime Naomi Rutenberg, directrice du programme VIH/Sida au Population Council. Les résultats de l’étude, menée par le Population Council, une ONG internationale basée a New York, paraissent dans la revue « Science Translational Medicine ».
Les microbicides vaginaux pourraient bloquer la transmission sexuelle du VIH cependant leur mode d’administration optimal reste à définir. L’anneau vaginal pourrait surmonter le problème d’adhérence qui demeure une entrave au succès des microbicides sous forme de gels. Avec l’anneau en place, les femmes n’auraient nul besoin de se souvenir de prendre le microbicide de façon quotidienne ou avant le rapport sexuel.
Le MIV-150, inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse.
Dans une précédente étude, des chercheurs du Population Council avaient montré qu’un gel vaginal contenant le MIV-150, un inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse (INNTI), protégeait partiellement les macaques de l’infection par le VIHS (virus composé de gènes du VIH et du SIV) ; de plus, l’ajout d’acétate de zinc, un antiviral à large spectre, rendait le gel encore plus protecteur.
Dans une nouvelle étude, Singer et coll. ont évalué des anneaux vaginaux délivrant le MIV-150 (sans acétate de zinc) ou un placebo chez des macaques. Deux types d’anneaux vaginaux ont été testés, l’un composé de silicone, l’autre d’éthylène-acétate de vinyle (EVA).
Les anneaux vaginaux étaient posés deux semaines ou vingt-quatre heures avant une forte exposition au VIHS (entraînant normalement 69 % d’infection), puis étaient enlevés immédiatement avant ou deux semaines après l’exposition virale.
Les résultats montrent que les anneaux d’EVA-MIV-150 confèrent la meilleure protection, qu’ils soient insérés deux semaines ou vingt-quatre heures avant l’exposition virale. De fait, seulement 2 des 17 macaques recevant l’anneau d’EVA-MIV-150 ont contracté l’infection après l’exposition, comparé à 11 des 16 singes recevant l’anneau placebo, ce qui donne un taux de protection virale de 85 %.
Toutefois, cette protection disparaît lorsque l’anneau est retiré juste avant l’exposition virale, avec 4 des 7 singes contractant l’infection, autrement dit une protection de seulement 16 %.
Indispensable avant et après l’exposition.
« Nous pensions que l’anneau n’aurait besoin d’être présent que durant la période précédant l’exposition virale, toutefois nous avons découvert que sa présence est également essentielle après l’exposition », précise le chercheur Thomas Zydowsky qui a dirigé ce travail.
Globalement, cette étude prouve donc que la délivrance prolongée du MIV-50 peut conférer une protection importante contre l’infection vaginale par le virus de l’immunodéficience.
« Bien que cette étude ait été menée chez le macaque, elle augure de grandes chances de succès pour de tels anneaux chez les femmes », déclare au « Quotidien » Thomas Zydowsky.
L’équipe développe maintenant des anneaux vaginaux combinant des doses plus faibles de MIV-150 avec l’acétate de zinc, afin de conférer une protection supérieure contre les virus de l’immunodéficience et protéger contre le virus de l’herpès type 2 (VHS-2). « Les premiers essais chez l’homme devraient débuter dans les douze à dix-huit mois », espère Zydowsky.
« Nous développons aussi des anneaux à double protection destinés à prévenir le VIH ainsi que la grossesse non désirée. »
Même si cette étude apporte les premières données d’efficacité montrant que des anneaux vaginaux peuvent délivrer un agent anti-VIH pour bloquer la transmission virale, des essais d’un anneau vaginal contenant la dapivirine (un autre INNTI) sont déjà en cours d’évaluation chez les femmes. Menés par le Microbicides Trial Network et l’International Partnership, ces essais viennent d’entrer en phase III.
Singer et coll. Science Translational Medicine, 5 septembre 2012.
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