La mise au point d'un vaccin préventif contre le VIH-1 se heurte à un véritable plafond de verre : trouver un moyen de stimuler la production d'anticorps neutralisants à large spectre capables de diriger la réponse immunitaire contre les protéines de surface du VIH, malgré leur forte variabilité au cours de l'infection.
Dans un article publié dans « Science Translational Medicine », le Dr Mattia Bonsignori, et ses collègues du département de médecine de l'école de médecine de l'université médicale Duke, détaillent les résultats de leurs travaux sur les prélèvements d'un patient africain capable de contrôler son infection et qui n'a jamais été mis sous traitement. Ce contrôle est rendu possible, selon les chercheurs, par la production d'anticorps ciblant l'épitope V3 de la protéine de surface GP120. Première constatation : de tels anticorps n'ont été détectés que 3 ans et demi après l'infection.
Des mutations « rares et improbables »
Les chercheurs ont ensuite étudié l'évolution des différentes populations de lymphocytes B du patient, et identifié la lignée DH270, capable de produire des immunoglobulines dirigées contre le V3. Ils décrivent en outre la séquence de mutations somatiques, qualifiée de « rare et improbable », qui a dû se produire à l'intérieur des lymphocytes B pour parvenir à un tel résultat.
Ils précisent que l'efficacité de la lignée DH270 repose sur une complexe coopération avec deux autres lignées de lymphocytes B : DH272 et DH475. Ces deux dernières lignées sont capables de neutraliser les virus présents au début de l'infection, tandis que la lignée DH270 neutralise les virus échappant à ce premier filtre.
Pour mettre au point un vaccin, les auteurs suggèrent qu'une stratégie pourrait consister à maximiser les chances de sélection des lignées de lymphocytes B porteuses d'ensembles rares de mutations, et à reproduire les conditions nécessaires à cette coopération entre différentes lignées de lymphocytes B.
Une timide preuve de concept
Parallèlement à ces travaux, une autre équipe de l'université Duke, menée par le Pr Munir Alam, a développé une version synthétique du V3 analogue à celle présente sur les virus du patient étudié par le Dr Bonsignori.
Injecté chez des singes, le V3 synthétique induit bien la production d'anticorps mais les auteurs précisent qu'il ne s'agit pas encore d'une « réponse immunitaire robuste ». Ils estiment que la prochaine étape consistera à trouver un moyen de formuler la glycoprotéine de manière à en faire un vaccin préventif, ce qui suppose la mise au point de « booster » capable d'améliorer cette réponse immunitaire.
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