LES COMBINAISONS d’antirétroviraux (HAART), permettant de contrôler la réplication du VIH dans l’organisme, ont totalement modifié l’évolution de l’infection à partir de 1996. Toutefois, les trois différentes classes de médicaments mises à l’origine sur le marché, les inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse (INTI), les inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse (INNTI) et les inhibiteurs de la protéase (IP), ne sont pas efficaces chez toutes les personnes VIH+.
De nouvelles classes thérapeutiques et de nouveaux médicaments sont depuis apparus. Dominique Costagliola et son équipe* ont évalué l’efficacité des nouveaux traitements chez les patients ayant été en échec virologique aux trois classes historiques d’anti-VIH (patients EVTC).
En échec aux trois classes.
Des données recueillies entre 2000 et 2009 sur 2 476 patients d’Europe de l’Ouest, traités à partir de 1998, ont été analysées. Ces sujets faisaient partie de 24 cohortes participant au projet PLATO II (Pursuing Later treatment Option II), lui-même inclus dans la collaboration de cohortes européennes COHERE (Collaboration of Observation HIV Epidemiological Research Europe). On remarque qu’environ la moitié de ces patients étaient issus de cohortes françaises ANRS. « Cette collaboration a permis d’augmenter la puissance de l’étude, les patients prétraités en échec aux trois classes ne représentant que 3 % des personnes incluses dans ces 24 cohortes. »
Un EVTC a été défini comme un échec virologique à au moins deux INTI, un INNTI et un IP boosté par le ritonavir. L’échec virologique consiste en une charge virale supérieure à 500 copies/ml après un traitement de 4 mois.
Il y a donc eu, entre 2000 et 2009, 2 476 participants en EVTC et qui ont eu une mesure de la charge virale. Les résultats, après ajustements pour différents paramètres (genre, groupe de transmission, âge, statut vis-à-vis du sida, nombre de CD4, charge virale lors de l’EVTC, obtention de la réponse virologique et nombre de médicaments mis en échec avant l’EVTC), montrent que, sur cette période, la proportion de patients ayant une réponse virologique après EVTC a quasiment été triplée, passant de 19,5 % en 2000 à 57,9 % en 2009 (p< 0,0001). L’incidence des événements cliniques définissant la maladie sida a été divisée par 4, passant de 7,7 pour 100 personnes années en 2000-2002, à 2,3 en 2008 et à 1,2 en 2009 (p< 0,00001). La mortalité s’est réduite de 4 personnes années entre 2000 et 2002 à 1,9 en 2007 et à 1,4 en 2008 (p< 0,22).
« L’amélioration substantielle dans la suppression de la charge virale et la décroissance du taux de sida qui l’a accompagnée, après la survenue d’échecs thérapeutiques aux médicaments initiaux, entre 2000 et 2009 est probablement à attribuer principalement à la mise à disposition de nouveaux produits ayant une meilleure tolérance, une facilité d’utilisation et un profil comportant peu de résistances croisées. » Les tendances positives sont probablement liées à des améliorations de l’observance et de la prise en charge des résistances, à l’apparition de nouveaux produits dans les classes existantes (darunavir, etravirine) et aux produits de nouvelles classes donnés en ATU. Pour la santé publique, l’introduction de ces nouveaux produits s’est traduite par un bénéfice, soulignent les auteurs.
The Lancet, en ligne le 10 octobre 2011. Doi : 10.1016/S1473-3099(11)70248-1.
* Directrice de l’Unité UPMC/Inserm « Épidémiologie, stratégies thérapeutiques et virologie clinique dans l’infection à VIH », hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
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