DEPUIS LA PRÉCÉDENTE enquête Vespa (2003), on a acquis la notion d’une réduction de la transmissibilité du virus chez les personnes sous traitement antirétroviral. Mais en 2011 (Vespa2), on n’enregistre pas de modification du comportement vis-à-vis du risque. En effet, parmi les 58,9 % des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) considérés comme à risque faible de transmission (sous traitement et avec une charge virale indétectable depuis plus d’un an et ne déclarant aucune IST au cours des 12 derniers mois), 21 % déclarent au moins une pénétration non protégée au cours des 12 derniers mois. Le comportement est similaire chez les personnes à risque élevé de transmission (20 %). L’absence de différence « ne soutient pas l’hypothèse de désinhibition des comportements liée à l’effet préventif du traitement chez les PVVIH en France », indiquent Nicolas Lorente et coll. dans leur conclusion.
Les nouvelles données montrent une utilisation plus fréquente du préservatif dans les relations avec les partenaires non infectés ou dont le statut est inconnu. Dans les couples stables, y compris sérodiscordants, la protection systématique de la pénétration est moins fréquente qu’avec les partenaires occasionnels, indiquent les auteurs. « Le couple stable demeure, comme en 2003, le lieu privilégié des conduites à risque ». On note toutefois une utilisation non-systématique du préservatif plus fréquente dans les couples séroconcordants que dans les couples sérodiscordants.
Les femmes ont plus de difficultés à utiliser systématiquement le préservatif. Mais les hommes en revanche protègent plus souvent de manière systématique leurs rapports sexuels occasionnels.
Une population qui vieillit.
La seule utilisation du préservatif n’explique pas la différence importante d’incidence du VIH chez les hommes ayant une sexualité avec des hommes (HSH) et les hétérosexuels (particulièrement élevée chez les premiers). D’autres facteurs doivent intervenir comme la forte proportion d’HSH non diagnostiqués ou une prise de risque plus élevé lors de la pénétration anale…
Par ailleurs, l’activité sexuelle a baissé (de 78 % à 71 % au cours de la dernière année), mais la population des séropositifs a vieilli (témoignage de l’efficacité des traitements). Et il est toujours difficile de révéler sa séropositivité à un partenaire.
Les enquêtes ANRS-VESPA sont réalisées auprès d’échantillons représentatifs de PVVIH suivies à l’hôpital, en France métropolitaine et dans 4 départements d’outre mer (Guadeloupe, Guyane, Martinique, La Réunion) ainsi qu’à Saint-Martin. Les participants consistent en 3 022 personnes dans 68 hôpitaux métropolitains et 598 patients dans 7 hôpitaux dans les DOM. Les données sur le comportement ont été collectées au cours d’entretiens face à face.
Les données de l’enquête Vespa2 « sont essentielles pour comprendre les conditions de vie de la population infectée par le VIH » dans notre pays, souligne Patrick Yéni dans l’éditorial du BEH. « La méthodologie de l’enquête les rend exploitables à l’ensemble de la population séropositive. »
BEH (édité par l’InVS) n° 26-27 du 2 juillet 2013, p.307-313.
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