Les résultats avaient été révélés en juin dernier lors des 19e Journées nationales de l’infectiologie (Nantes) : chez des patients consultant pour suspicion de maladie de Lyme, le diagnostic est confirmé dans moins de 10 % des cas.
L'étude réalisée par l’équipe du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), de l’INSERM et de Sorbonne Université et pilotée par le Pr Éric Caumes vient d'être publiée dans la revue « Clinical infectious Diseases ».
Moins de 10 % de cas confirmés
Réalisée auprès de 301 patients ayant consulté entre janvier 2014 et décembre 2017 pour une suspicion de maladie de Lyme, elle a permis de classer les patients en fonction de plusieurs critères : une exposition à une tique, des signes cliniques caractéristiques de la pathologie (arthrite, érythème migrant, méningoradiculite…), des tests sérologiques positifs (test ELISA ou Western Blot) et une guérison après l’administration d’un traitement antibiotique adapté. Si 4 critères étaient réunis, le diagnostic de maladie de Lyme était confirmé ; si 3 critères sur 4 étaient validés, les patients étaient considérés comme étant possiblement atteints de la maladie de Lyme.
Parmi les 301 patients vus en consultation 91 % (n = 275) ont été exposés à une morsure de tique et 56 % (n = 165) ont été mordus. À l'inclusion, la moitié des patients (n = 151) avait déjà reçu au moins un antibiotique pendant en moyenne 34 jours (28 à 730 jours). Le test Elisa était positif pour les IgM chez 28,4 % (84/295) et pour les IgG chez 29,1 % (86/295), le Western Blot chez 10,9 % (21/191) pour les IgM et 26,1 % (50/191) pour les IgG.
Au final, le diagnostic de maladie de Lyme n'a été confirmé que chez 9,6 % (n = 29) des patients et jugé possible pour 2,9 % (n = 9). Comme le soulignait le Pr Caumes au « Quotidien », parmi les patients avec un diagnostic confirmé, certains « n’avaient pas été diagnostiqués précédemment, avec par exemple, une arthrite de Lyme typique ».
Autre diagnostic
Chez 80 %, une autre pathologie que la maladie de Lyme a été diagnostiquée. Les patients souffraient de problèmes psychologiques (31,2 %), de maladies rhumatologiques ou musculaires (19 %), de maladies neurologiques (15,2 %) ou d’autres maladies (33,7 %) dont un nombre non négligeable de syndromes d’apnée du sommeil. Ces patients étaient significativement plus jeunes, avaient plus de symptômes (fonctionnels), moins de signes physiques (objectifs), une plus longue durée d’évolution avec une sérologie le plus souvent négative pour la maladie de Lyme.
Par ailleurs, l'étude montre que 50,1 % des patients (151) avaient déjà reçu des antibiotiques voire d’autres anti-infectieux (antiparasitaires, antifungiques, antiviraux) à raison de 1 à 22 traitements différents par patient pour une durée médiane de 34 jours (les extrêmes allant de 28 jours à 730 jours). « Le surdiagnostic et le traitement excessif de la maladie de Lyme s'aggravent et les autorités sanitaires devraient enquêter sur ce phénomène », concluent les auteurs.
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