NUL NE FAIT jamais l’unanimité mais Mo Yan, qui vient de se voir décerner, à 57 ans, le prix Nobel de littérature, est bien près du consensus. Ce fils de paysans, qui n’a pu poursuivre ses études qu’en intégrant l’Armée populaire de libération, à l’âge de 20 ans (il ne démissionnera qu’en 1997), est aussi célèbre dans son pays qu’à l’étranger et l’Académie suédoise a apprécié que le romancier fusionne « avec un réalisme hallucinant, le conte, l’histoire et le contemporain ».
Salué avec force par le régime de Pékin – d’autres écrivains chinois le critiquent pour son manque de soutien à des auteurs dissidents, mais l’Académie a estimé que « la Mélopée de l’ail paradisiaque » (1988) et « le Pays de l’alcool » (1992) étaient « subversifs en raison de leur critique acérée de la société chinoise contemporaine » –, Mo Yan a accédé à la notoriété en Occident grâce au film « le Sorgho rouge », Ours d’or à Berlin en 1988, réalisé par Zhang Yimou à partir de son roman « le clan du Sorgho » (Actes Sud) : en 1939, d’humbles villageois se jettent dans un combat sans merci contre l’envahisseur japonais si bien que les champs de sorgho, symboles de fertilité et de paix, sont bientôt détrempés du sang des victimes.
Dix-huit de ses œuvres (sur 80 romans, nouvelles et essais) sont traduites en français, au Seuil – qui vient de publier deux nouvelles de 1998, « le Veau, suivi de Le Coureur de fond », tandis que paraît en format poche (Points) son dernier roman, « Grenouilles » – et chez Philippe Picquier.
«Celui qui ne parle pas » (la signification du pseudonyme qu’il a choisi en place de son vrai nom Guan Moye) y livre avec réalisme et parfois violence son interprétation de la Chine contemporaine. L’humour, le féerique et les métaphores sont ses armes pour déjouer les pièges de la censure, qui l’a rattrapé seulement en 1995, lorsqu’il a publié « Beaux seins, belles fesses », l’histoire d’une paysanne et de ses neuf enfants, dont un garçon qu’elle nourrira au sein jusqu’à l’âge de 12 ans et qui sera toujours obsédé par les poitrines, en réalité un énorme pavé qui lui permet de dérouler tout le XXe siècle chinois depuis le maoïsme.
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