Nouvelle étape vers une immunothérapie du VIH, des premiers résultats chez le singe

Par
Publié le 13/03/2017
Article réservé aux abonnés
vih

vih
Crédit photo : PHANIE

Une immunothérapie administrée à des singes peu de temps après leur infection par le virus de l'immunodéficience simienne (VIS) a permis un contrôle de la charge virale sur une très longue période, selon les résultats d'une expérimentation décrite dans la revue « Nature ». Ce résultat constitue une étape importante sur la route de la mise au point d'une immunothérapie du VIH.

Menés par Yoshiaki Nishimura, du laboratoire de microbiologie moléculaire de l'institut national d'allergologie et des maladies infectieuses de Bethesda, les chercheurs des instituts nationaux américains de la santé (NIH) et de l'université Rockfeller ont injecté deux anticorps, 3BNC117 et 10-1074, à 13 singes. Cette immunisation a eu lieu 3 jours après l'inoculation du VIS, et s'est décomposée en 3 injections intraveineuses étalées sur une période de 2 semaines.

À l'origine, les anticorps 3BNC117 et 10-1074 avaient été mis en évidence par les chercheurs de l'université Rockfeller chez des patients humains « elite controler », capables de contrôler l'infection par le VIH sans traitement.

Les singes ont conservé une charge virale indétectable, ou presque indétectable pendant 6 mois. Au bout de cette période, les anticorps 3BNC117 et 10-1074 avaient disparu de la circulation sanguine, et les chercheurs ont assisté à un rebond de la charge virale chez tous les singes sauf un. Environ 5 à 22 mois après la disparition des anticorps, le système immunitaire de 6 singes était parvenu à reprendre le contrôle de l'infection, rendant le SIV de nouveau indétectable pour 5 à 13 mois supplémentaires.

Un système immunitaire toujours fonctionnel 2 à 3 ans après

En plus de ces 6 animaux « contrôleurs », 4 autres singes étaient parvenus à une charge virale très basse, avec un système immunitaire toujours fonctionnel 2 à 3 ans après l'infection.

Afin de comprendre les mécanismes de cette immunothérapie, les auteurs ont détruit sélectivement les lymphocytes CD8+ chez 6 singes contrôleurs , ce qui a eu pour effet immédiat de faire remonter les taux sanguins de SIV. De nouveaux essais sont prévus pour vérifier qu'un résultat similaire est obtenu en injectant des anticorps à des animaux 6 semaines après leur infection : un délai plus compatible avec les délais de diagnostic chez l'homme.

Des résultats prometteurs sur 15 malades

Ces résultats sont à rapprocher des résultats de l'étude BCN02-Romi présentés lors de la conférence annuelle sur les rétrovirus et les maladies opportunistes (CROI) qui s'est tenue du 13 au 16 février 2017.

Les chercheurs des universités d'Oxford et de Barcelone avaient recruté 15 patients dont l'infection par le VIH était contrôlée depuis au moins 3 ans. Les participants ont tous été immunisés à l'aide du candidat vaccin MVA.HIVconsv, suivi de trois doses de romidepsine administrée sur une semaine, puis d'une nouvelle injection de MVA.HIVconsv.

Le traitement antirétroviral, interrompu entre les deux vaccinations, a dû être repris chez 4 participants dont la charge virale avait dépassé les 2 000 copies/mL. Chez les 11 patients ayant une charge virale suffisamment basse, 7 participants ont dû reprendre leur traitement moins de 4 semaines après la seconde injection.

Les 4 autres n'avaient toujours pas repris leur traitement lors de la présentation des résultats en février, et avaient donc passé respectivement 7, 12, 14 et 22 semaines sans traitement.


Source : lequotidiendumedecin.fr