S'il fallait choisir un repas à rendre plus copieux que les autres dans la journée, les chercheurs de l'université de Lubeck vous diraient sans doute de privilégier le petit déjeuner. Selon les résultats de leurs derniers travaux publiés dans les « PNAS », un petit déjeuner généreusement garni est associé à une thermogenèse induite, et donc une dépense d'énergie, plus importante qu'un dîner représentant un apport calorique identique.
Les auteurs ont étudié l'évolution de la thermogenèse induite par l'alimentation de 16 hommes volontaires sains (23 ans d'âge moyen, IMC normal). Tous les volontaires ont été hébergés dans le laboratoire et contraints de dormir et de manger à heures fixes des repas calibrés pour représenter un pourcentage déterminé de leurs besoins énergétiques quotidiens. Sur une période de 3 jours, la moitié de ces participants ont pris des petits déjeuners faibles en calories (11 % des besoins caloriques quotidiens) et des dîners hautement caloriques (69 %). L'autre moitié a suivi le régime inverse : 69 % des besoins caloriques au cours du petit-déjeuner, 11 % au cours du dîner. Deux semaines après cette première « cure », les volontaires étaient soumis au régime alimentaire inverse.
Une thermogenèse 2,5 fois plus importante le matin
Des relevés calorimétriques ont été réalisés 45 minutes avant chaque repas, puis de nouveau à quatre reprises entre 30 minutes et 2 heures et demie après la fin du repas. Un prélèvement sanguin avait quant à lui lieu 15 minutes avant puis de nouveau une heure, deux heures et quatre heures après le repas.
Pour une même quantité de calories absorbées, la thermogenèse induite par un petit-déjeuner roboratif était deux fois et demie plus importante que celle associé à un fastueux souper. De plus, la glycémie et le taux d'insuline induit par la prise alimentaire étaient également moins élevés le matin que le soir. Un questionnaire rempli par les volontaires indique en outre qu'un gros petit déjeuner provoque un meilleur sentiment de satiété, et diminue l'envie de sucre au cours du reste de la journée.
Un conseil simple pour la perte de poids
« Les patients obèses essayent fréquemment de perdre du poids, ou au moins d'arrêter d'en gagner, en mangeant peu au cours du petit déjeuner. Certains sautent même ce repas, constatent les auteurs. Le succès de cette stratégie est controversé, car la diminution de la prise calorique au cours de la première moitié de la journée est largement compensée par l'augmentation de l'apport calorique vers la fin de la journée. »
Sur la base de ces nouvelles données, obtenues dans l'environnement contrôlé d'un laboratoire (ce qui élimine le risque de biais induit par les perturbations du sommeil par exemple), l'équipe allemande confirme qu'un petit déjeuner roboratif doit être préféré à un imposant dîner chez les patients souhaitant mieux maîtriser leur apport calorique.
Concernant les mécanismes qui pourraient expliquer une telle différence entre les thermogenèses induites par les repas du matin et du soir, les auteurs évoquent l'hypothèse des deux composantes de la thermogenèse induite. Celle-ci se décomposerait en effet en une thermogenèse induite obligatoire et une autre facultative. La partie obligatoire résulte des processus énergivores de digestion et d'absorption des nutriments, et serait plus importante le matin.
La thermogenèse facultative, quant à elle, est principalement stimulée par le système nerveux sympathique. « Il est possible que cette composante soit plus élevée en matinée à cause des plus fortes concentrations en épinéphrine observée en journée qu'en soirée, selon la littérature », ajoutent les chercheurs. Enfin, des expériences chez le rat indiquent que les capacités d'absorption des macronutriments sont soumises à une régulation circadienne.
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