Les ministres de l'Écologie Nicolas Hulot, de la Santé Agnès Buzyn, de l'Agriculture, Stéphane Travert et de la Recherche Frédérique Vidal ont présenté ce 25 avril un plan d’actions sur les produits phytopharmaceutiques et une agriculture moins dépendante aux pesticides.
Il se fixe quatre priorités : diminuer rapidement l'utilisation des substances les plus préoccupantes pour la santé et l'environnement ; mieux connaître les impacts pour mieux informer et protéger la population et les professionnels et préserver l’environnement ; amplifier la recherche-développement d’alternatives aux pesticides pour les agriculteurs, et renforcer le plan Ecophyto II, qui prévoit notamment la réduction de 50 % des usages des pesticides à l'horizon 2025.
La ministre de la Santé insiste sur la nécessaire amélioration des connaissances « sur les impacts des pesticides sur notre santé et sur notre environnement, afin de protéger nos concitoyens. »
Des expertises confiées aux agences sanitaires
Des dispositions législatives seront prises pour réduire les risques concernant les riverains des zones agricoles liés à l’utilisation de produits à proximité des lieux d'habitation, lit-on. Plusieurs expertises seront confiées à l'INSERM, l’INRA, l’INERIS ou encore l'ANSES pour mieux appréhender les effets des pesticides sur la santé humaine ou sur les écosystèmes. Concernant le glyphosate, l'INSERM est chargée d'une expertise collective tandis qu'un cahier des charges doit être élaboré, par l'ANSES, pour lancer une nouvelle étude expérimentale sur sa cancérogénicité. Les résultats devraient être livrés en 2020 au plus tard… soit la date avancée par le président Emmanuel Macron pour son interdiction…
Le plan appelle aussi à soutenir les études de biosurveillance, comme le volet périnatal de la cohorte Elfe et l'étude Esteban pour estimer l'exposition (et ses sources) de la population aux pesticides.
Au niveau européen, le Gouvernement promeut une réforme des agences européennes avec notamment la création d’un mécanisme permettant de financer des études indépendantes et une plus grande transparence et rappelle son opposition à la prolongation ou au renouvellement des substances cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction de catégorie 1 – substances déjà au cœur des critiques du rapport de plusieurs inspections de février 2018.
Recherche de méthodes alternatives
La recherche devrait être renforcée pour proposer aux agriculteurs un panel de méthodes alternatives avec notamment un soutien accru aux produits de biocontrôle. La diffusion de ces nouvelles pratiques devrait passer par l'accompagnement des collectifs d'agriculteurs.
Pour assurer la réduction de l'utilisation des produits phytopharmaceutiques, une partie du grand plan d'investissement pour l'agriculture (5 milliards d'euros) sera mobilisée, la séparation de la vente et du conseil sur les produits phytopharmaceutiques sera accentuée, et la redevance pour pollutions diffuses sera renforcée, et modulée pour tenir compte de la dangerosité des produits. Ses recettes (50 millions d'euros supplémentaires dès 2019) contribueront à financer l'accompagnement des agriculteurs, dans le cadre du plan Ecophyto et la conversion à l’agriculture biologique.
Nicolas Hulot promet d'aller vite : « Ces mesures seront très rapidement mises en œuvre et nous permettront à la fois d’atteindre nos objectifs de réduction des phytosanitaires et de construire les alternatives notamment à l’utilisation du glyphosate. »
Manque de volonté politique, fustige Générations futures
Le compte n'y est pas pour Générations futures. Seules trouvent grâce à ses yeux les dispositions sur la réduction des risques pour les riverains, et la recherche sur les solutions alternatives, bien que peu précises.
L'ONG environnementale juge insuffisantes les réponses apportées à la question du glyphosate et des substances actives préoccupantes : « Ne pas vouloir prolonger leurs autorisations est très insuffisant (il faudrait retirer en urgence les produits) et demander à l’ANSES de réaliser une revue scientifique à leur sujet inutile. La dangerosité extrême de ces substances est déjà connue ! », s'agace Générations futures.
« L’impression générale est que, même si le plan contient des mesures allant, si elles se concrétisent, dans le bon sens, l’ensemble manque de souffle et de volonté politique », résume François Veillerette.
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