Clichy (92)
Dr Michel Roskis
Cumulant retraite et activité depuis 6 mois, et ayant eu la malencontreuse idée, dans l’intérêt des patients, de prolonger mon activité jusqu’à la fin du premier trimestre 2013, dans l’espoir de continuer à chercher un hypothétique et inexistant successeur à titre gratuit, j’ai eu la mauvaise surprise de découvrir que la CARMF me réclamait pour 2013 la somme de 7 129 euros, alors que mes revenus nets estimés pour ce dernier trimestre d’activité ne seront que de 10 000 euros, voire moins.
Cherchez la faille : la CARMF retient pour la plus grande partie de la cotisation le revenu de 2011, non à titre de provision, mais pour solde de tout compte qui lui restera acquis. Il s’agirait d’une nouvelle mesure.
Chers confrères, je vous laisse à vos réflexions.
Qui aime bien châtie bien
Barentin (76)
Dr Stéphane Pertuet
Ceux d’entre nous qui étaient jeunes dans les années soixante-dix ont sans doute, après une « bonne » paire de gifles, eu droit à cet adage au charme désuet. Traduction : « Je te cogne parce que je t’aime ». Si je ne t’aimais point, je me désintéresserais de ton bien-être et de ton avenir, je te laisserais vivre en paix, voire même, je te parlerais.
Mais le temps a passé. Foin des Trente Glorieuses et des chocs pétroliers, des bocks et de la limonade ; un siècle s’est éteint et les pères d’aujourd’hui ont oublié cette maxime.
Les enfants que nous étions hier sont devenus médecins. Bon nombre d’entre nous exercent la médecine générale dite libérale.
Médecine générale, c’est tendance, c’est pivot du système de santé, c’est chef d’orchestre, c’est médecine de proximité en Sarkolangue…
Médecine libérale, ce n’est pas chic, c’est profiteur de système, exploiteur de veuves et d’orphelins, pilleur de porte-monnaie des vieilles dames, trader sans morale au nez et à la barbe des indignés de la planète capitaliste…
Et puis, Roselyne l’a dit en son temps : « Les médecins ne sont pas à plaindre. »
Sans doute, et d’ailleurs ils n’en demandent pas tant.
Et puis, Marisol a des idées. On va faire comme la précédente avec le plan vaccinal grippe A H1N1 : On réinvente tout. On fait fi de l’existant : PRADO(S) en tous genres, SOPHIA, création de lits d’aval là où l’on pourrait imaginer qu’une meilleure régulation à l’accès aux urgences serait plus efficiente, avenant 8 à la convention qui officialise la disparition du rôle de l’Ordre des médecins, la notion même de « tact et mesure », le serment d’Hippocrate… tout cela parce qu’une poignée de médecins sont des dépasseurs excessifs qu’il eut été aisé de cibler et de ramener à la raison.
Donc, ce médecin pivot qu’on aime tant, on lui donne régulièrement des coups pour bien lui montrer à quel point il est utile à la société et combien il est indispensable.
Alors, si j’avais une requête à formuler à ma ministre, ce serait : « De grâce, Madame, aimez-nous moins. »
La complainte du DPC
La Baule (44)
Docteur René-Patrick Brana
Formation continue, pompe à financement des syndicats… tel est le marronnier du « Point » et de « L’Express ». La médecine n’y échappe pas et l’engouement pour le DPC en est la preuve… « Il suffira de deux à trois jours de formation par an aux praticiens sinon ils risquent une suspension par le conseil de l’Ordre… », propos bien légers et irresponsables car nous, nous travaillons plus de 50 heures par semaine pour faire face à la demande de la clientèle, et non pas quelques heures par jour, quelques jours par semaine… Soixante pour cent des confrères à plus de 53 ans, si en plus l’on sanctionne ces derniers, la fin de l’histoire sera vite écrite…
L’on n’a pas attendu des organismes où siège de pseudo-formateurs, professeurs préretraités sentant leur fin prochaine, donnent leur avis. L’on parle d’attestation annuelle, je propose donc à ces derniers, qu’ils fassent celle-ci : « Je nie en bloc et en détail d’avoir touché un seul sou pour faire ces formations, ou d’avoir perçu une indemnité pour avoir organisé une soirée d’un laboratoire, je le jure sur l’honneur et ce, droit dans les yeux. »
La rosette pour les médecins de famille !
Chazay d’Azergues (69)
Dr Jean-Pierre Micolle
563… C’est le nombre des décorés dans l’ordre de la légion d’honneur pour Pâques. J’ai cru que c’était le poisson d’avril du « Figaro » mais, 4 pages dans le quotidien du boulevard Haussmann, ça faisait cher le kilo de merlu, fut-il facétieux ou en chocolat.
On trouve parmi les promus notre intrépide navigateur François Gabart vainqueur du Vendée Globe ou Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine, et ce n’est que justice, ils ont bien mérité de la nation et ces honneurs leur sont dus. Mais ils sont par ailleurs légion ceux dont on se demande quel serait leur fait d’arme pour figurer au nombre des impétrants. J’apprécie par exemple Alain Duhamel ou Michèle Cotta pour leurs analyses, leur plume, leur esprit mais je pense que s’ils font bien leur métier de journaliste ils ne font que leur métier alors commandeur soit le troisième grade après chevalier et officier… Diable !
De même je ne connais pas madame Algudo (P.D.G d’une société pour l’accession a la propriété) ni madame Bourbigot (chargée de mission dans un pole de compétitivité) qui doivent faire l’une et l’autre consciencieusement le travail pour lequel on les paye, mais il y a à cela rien que de très normal alors chevalier… bigre !
Ce faisant j’ai alors pensé à mes confrères généralistes de Thizy et de Cours-la-Ville, plus de 60 heures par semaine, les gardes de nuit et de dimanche avec la neige cet hiver car ils ne sont plus que huit là ou ils étaient une vingtaine il y a encore quelques années. J’ai peut-être mal lu mais je n’ai pas noté un nom dans la promotion de Pâques suivi de… médecin de famille.
Et puis, en tournant les pages du « Quotidien », je tombe sur un article sur l’âge moyen du départ à la retraite en France : employé de la SNCF 54,4 ans ; ceux de la RATP 55,1 ; ceux de la fonction publique hospitalière et territoriale 58,4.
Mes confrères du nord du département du Rhône vont bientôt avoir 65 ans !
À Paris, savent-ils ou ça se trouve Cours-la-Ville ?
Ce n’est pas demain que ces généralistes dévoués et épuisés recevront une médaille qu’elle soit du mérite ou de la légion d’honneur.
Liberté Égalité Fraternité… Égalité ? Faut voir.
Du dépistage du VIH par autotests
Paris (75)
Gérard Noët*
Les temps changent, les mœurs évoluent. Le Conseil National du Sida vient de se déclarer pour la mise à disposition en pharmacie, en parapharmacie et sur Internet des autotests de dépistage du Sida. Lors de l’apparition de l’épidémie de VIH dans les années 1980, les associations de malades faisant pression sur le gouvernement ont obtenu que les prescriptions de sérologie VIH ne soient pas faites systématiquement dans le cadre d’un dépistage lors d’un bilan préopératoire mais après l’accord du patient. Il n’était pas question de dépister systématiquement cette infection. Pour la syphilis, le raisonnement fut identique et les dépistages (le BW de l’époque) ne furent plus obligatoires à l’université, lors de l’incorporation sous les drapeaux, dans les bilans prénuptiaux et les bilans de grossesse. Je puis témoigner qu’un de mes collègues anesthésistes s’était fait gourmander par une association de malades parce que son patient avait rapporté que la sérologie avait été faite sans son accord. Nous étions dans la défense de la liberté individuelle au mépris de l’intérêt collectif de la santé publique. Le résultat ne s’est pas fait attendre et l’épidémie de VIH s’est aggravée avec réapparition de cas de syphilis.
Nous sommes en 2013, autres temps, autres mœurs. Je puis l’entendre mais je ne comprends pas pour quelle raison les biologistes médicaux sont contraints d’accréditer leurs laboratoires avec des procédures lourdes et tatillonnes qui leur font perdre un temps médical précieux alors que n’importe quelle personne plus ou moins illettrée pourra se faire un test de dépistage d’une infection dont les conséquences médicales et sociales sont lourdes. Annoncer la séropositivité en VIH à un patient est difficile, et cela doit être fait par un médecin clinicien ou par un biologiste médical. Que ne nous a-t-on répété que le patient apprenant la nouvelle pouvait se suicider ! L’immuno analyse met en œuvre des réactions complexes qui comportent un certain nombre de faux positifs et la législation oblige à contrôler le résultat sur un deuxième prélèvement et par une technique spécifique, le Western Blot. Pour les autotests, pas de contrôle de qualité, pas d’accréditation, pas de personnel hautement spécialisé, pas de vérification, le patient a son résultat en temps réel. Autres temps, autres mœurs !
* Pharmacien biologiste médical
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation