LE QUOTIDIEN : La tenue du congrès de l’IAS à Paris constitue-t-elle une reconnaissance du rôle de la France dans la lutte contre le sida ?
Pr JEAN-FRANÇOIS DELFRAISSY : Je pense que oui. Cette conférence scientifique organisée par l'IAS les années impaires, est le rendez-vous des chercheurs qui ne trouvaient pas toujours leur compte dans la conférence mondiale organisée les années paires. Son retour à paris est une reconnaissance de la forte communauté scientifique française, la deuxième au monde en termes de production d'articles. La France est en outre le pays du prix Nobel pour la découverte du VIH et le premier contributeur au fond mondial.
Un appel de Paris doit rappeler l'importance de la recherche sur le sida. Avez-vous l'impression que la recherche fondamentale a pu être quelque peu délaissée ?
Je suis de ceux qui pensent que le terme « fin du sida » est mauvais. Nous n'y sommes pas encore. Nous avons encore besoin de la recherche car elle apporte des solutions mais il faut des investissements massifs pour arriver à obtenir le « cure » ou un vaccin.
En France, nous avons conservé une science fondamentale forte, mais nous devons la renforcer car des innovations majeures sont attendues.
En Espagne en Angleterre en Italie, en Allemagne, le niveau de financement de la science fondamentale est variable et elle est parfois en danger. Il est impératif de mobiliser des financements européens.
Après les craintes initiales concernant l'administration Trump aux États Unis, il s’avère que les choses sont plus nuancées. Le dernier budget des NIH n’augmente pas mais ne baisse pas non plus.
Pourrait-on venir à bout de l'épidémie sans vaccins ni moyens d'éliminer totalement le virus, simplement en atteignant les objectifs 90 90 90 ?
Je pense qu’il faut une combinaison des 3 actions : vaccin, cure, et prévention. Il y a actuellement 34 millions de personnes infectées par le VIH à qui nous nous devons d’aller vers une éradication virale. Nous en sommes encore loin mais nous pouvons y parvenir. Cela a été possible dans le cas de l'hépatite C et, en partie, grâce à la recherche sur le sida.
Pour ce qui est du vaccin, en dehors peut peut-être de la syphilis, je ne connais pas de maladie infectieuse qui ait pu être contrôlée sans un vaccin efficace.
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