Quand faut-il clamper le cordon chez les bébés nés prématurément ? La question n'est pas définitivement tranchée, mais c'est un élément important qu'apporte un essai américain randomisé chez 1 566 bébés nés avant 30 semaines d'aménorrhée (SA).
L'étude publiée dans « The New England Journal of Medicine » montre qu'à l'âge de 36 SA, il n'y a pas davantage de complications graves avec un clampage tardif (≥ 60 secondes après l'accouchement) par rapport à un clampage immédiat (≤ 10 secondes après l'accouchement).
Une question controversée
Le clampage du cordon reste une question controversée chez les prématurés. Le clampage immédiat a longtemps été la règle en raison des craintes par rapport aux risques d'une réanimation retardée, d'une hypothermie ou d'une hyperbilirubinémie.
Néanmoins, le fait de retarder le clampage permettrait d'augmenter la quantité reçue de sang placentaire et le temps de transition de la vie fœtale à celle de nouveau-né. Et d'ailleurs, de nombreuses données suggèrent de multiples bénéfices à un clampage tardif sur la tension artérielle, la nécessité de transfusion, l'hémorragie intraventriculaire, l'entérocolite ulcéronécrosante ou encore les infections.
De multiples recommandations ont été faites sur le délai optimal retardé pour le clampage (≥ 30 secondes, 30 à 60 secondes, ≥ 60 secondes ou de 30 à 180 secondes) en l'absence de réanimation nécessaire. Mais le clampage tardif est loin d'être adopté en raison de la persistance d'une anxiété sur les risques à décaler la réanimation.
Des bénéfices à espérer
Dans l'étude, étaient comprises dans les complications graves : décès, lésion cérébrale à l'échographie post-natale, rétinopathie grave de la prématurité, entérocolite ulcéronécrosante, sepsis d'apparition retardée.
Concernant la mortalité seule, elle était de 6,4 % dans le groupe clampage tardif et de 9,0 % dans le groupe clampage immédiat. Mais la différence n'était plus significative après ajustement post hoc sur plusieurs critères secondaires. L'essai manque malheureusement de puissance pour ce critère, mais comme le relèvent les auteurs, il faudrait un essai incluant « plus de 11 000 patients, probablement requérant une collaboration internationale et une plus grande intégration de la recherche clinique dans les soins en routine ».
Dans un éditorial, le Dr Colm O'Donnell de Dublin écrit que « le clampage du cordon après l'oxygénation permet à la circulation placentaire de maintenir le retour veineux et la précharge ventriculaire, rendant possible une transition en douceur ». Selon le médecin irlandais, les études à l'avenir devraient se focaliser sur le clampage par rapport au début de la respiration ou de l'oxygénation, plutôt que sur le nombre de secondes après la naissance.
Clamper le cordon à 60 secondes apparaît sûr et « pourrait voir des bénéfices », écrit le Dr O'Donnell. « Cela demande un changement de culture, pas facile en salle d'accouchement (...). De façon peu confortable, nous accepterons que les bébés qu'il nous démange pour la plupart de prendre en main pourraient tirer bénéfice d'un clampage tardif », conclut-il.
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