L’insuffisance cardiaque est une pathologie fréquente et de mauvais pronostic. Sa prévalence, estimée par la Société européenne de cardiologie entre 1 et 2 % dans les pays développés, augmente fortement avec l’âge à partir de 75 ans. Elle tend à augmenter du fait du vieillissement de la population.
Les enquêtes déclaratives « Handicap Santé Ménages » et « Handicap Santé Institution » ont permis d’estimer la prévalence de l’insuffisance cardiaque en France en 2008-2009 à 2,3 % dans la population adulte et à 1,8 % dans l’ensemble de la population française, ce qui correspond à une population d’environ 1 130 000 personnes. Toutefois, le groupe Insuffisance Cardiaque & Cardiomyopathies (GICC) de la Société française de cardiologie a réalisé une étude auprès de 4 926 Français entre mars et avril 2017, représentatifs de la population française de 18 à 80 ans.
D’après ce travail, la prévalence de l’insuffisance cardiaque serait de 3,6 %, soit le double des estimations officielles. Le nombre exact de français atteints d’insuffisance cardiaque est sans aucun doute sous-estimé par les autorités de santé et pourrait atteindre les 2 millions. Il faut ainsi retenir une sous-estimation probable des chiffres d’incidence de l’insuffisance cardiaque du fait de pathologies multiples mal répertoriées dans les données officielles de l’Assurance maladie, seule la première ALD étant comptabilisée, mais aussi une méconnaissance des symptômes.
Des symptômes méconnus
En effet, 2 personnes sur 3 ayant les 4 signes cardinaux de la maladie (essoufflement à l'effort et/ou en position allongée, prise de poids importante en quelques jours, œdème, des membres inférieurs, fatigue importante) n’ont pas consulté un cardiologue dans les 12 derniers mois. En termes de pronostic, selon une étude menée par l’INVS, l’insuffisance cardiaque serait la cause de 73 000 décès chaque année, c’est-à-dire 7 fois plus que l’infarctus du myocarde et plus de 14 fois plus que les accidents de la route. Pour le Pr Thibaud Damy de l'hôpital Henri Mondor (Créteil), président du GICC), « le manque de notoriété des symptômes de l’insuffisance cardiaque au sein du grand public entraîne un retard incontestable au diagnostic et dans la prise en charge des malades. Il faudrait des moyens supplémentaires pour dépister davantage les malades, développer plus de structures multidisciplinaires spécialisées et faire prendre conscience de l’importance de l’éducation thérapeutique dès le début de la maladie. La prévention et l’information sont capitales pour agir précocement aussi bien dans le grand public pour diagnostiquer la maladie que chez les patients pour prévenir les décompensations cardiaques ».
Afin d'amélioer l'information sur la maladie deux sites ont été lancés. Le premier www.giccardio.fr, s'ouvrira lancé le 15 septembre et sera destiné aux patients et aux professionnels, le second, déjà lancé a été conçu par l'association SIC (pour Soutien à l'insuffisance cardiaque) créée par Philippe Muller et Valérie Jourdain Müller, tous deux atteints de la maladie (www.sic-asso.org).
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