Pour rester « indépendante » et « performante », la recherche médicale française dans le domaine du cancer a plus que jamais besoin des dons et de la générosité des particuliers – ce qui exige un cadre fiscal incitatif et lisible. C'est le plaidoyer du Pr Thierry Philip, cancérologue et président de l’Institut Curie, qui a insisté ce mardi sur l'urgence à soutenir cette recherche tricolore.
Les dons privés représentent 30 % de son budget de recherche de 110 millions d'euros. Or, selon le Pr Thierry Philip, « des modifications du régime fiscal ont engendré des effets collatéraux pour le financement de la recherche française » au cours des cinq dernières années. Ainsi, la transformation de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en impôt sur la fortune immobilière (IFI) et la hausse de la CSG sur les pensions de retraite ont entraîné une baisse de 13 % des dons reçus de particuliers par l’Institut Curie (entre 2017 et 2018). « Nous avions reçu des courriers de donateurs retraités qui nous avaient annoncé la suspension de leurs dons pour des raisons financières », relate le Pr Philip. Or, « ces 13 % ont représenté 3,3 millions d’euros en moins dans le budget, soit plusieurs dizaines de projets de recherche non financés », ajoute-t-il.
« Les Français veulent être soutenus »
Les Français ont compris de longue date l'importance des dons pour la recherche médicale, comme l’illustre l'enquête Viavoice pour l'Observatoire cancer/Institut Curie. 64 % d'entre eux considèrent qu’une baisse des dons en faveur de la recherche contre le cancer serait « inquiétante ». Elle entraînerait un « impact important » sur la découverte de nouveaux traitements (pour 76 % des sondés) mais aussi sur la qualité de la recherche (69 %) et la prise en charge des malades atteints d’un cancer (61 %). « On a besoin de ces dons, les Français ne se trompent pas. S'ils donnent et ont continué à donner pendant la crise sanitaire, ils souhaitent être soutenus par des incitations fiscales », souligne le cancérologue.
Toujours selon le sondage, si la moitié des sondés estiment que la France a une politique fiscale incitative (et même 86 % des donateurs réguliers), une petite moitié assure qu’une déduction fiscale plus importante les inciterait plus volontiers à donner.
La crise économique, épée de Damoclès
Pour l'année 2020, en pleine crise sanitaire, l'Institut Curie a subi une baisse des dons finalement « modérée » et ce « grâce aux donateurs fidèles ». Mais son président a des inquiétudes pour demain en raison de la crise économique durable qui risque de ne pas inciter les particuliers ou les entreprises à franchir ce cap…
Pour sortir de cette situation délétère pour la recherche médicale (avec 400 000 nouveaux cas de cancer chaque année en France), le Pr Philip plaide donc en faveur « d'une fiscalité plus incitative avec un système clair que l'on ne remet pas en cause sur une longue période ». Il réclame concrètement l'alignement de la déduction fiscale de 66 % à 75 % – déjà en vigueur pour les associations dites « loi Coluche » – pour tout don aux associations et fondations reconnues d’utilité publique, et ce « pour la durée minimale d’un quinquennat ».
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation