Le prix Nobel de chimie a été décerné mercredi au Suédois Tomas Lindahl (77 ans), à l’Américain Paul Modrich (69 ans) et au Turco-Américain Aziz Sancar (69 ans), dont les travaux sur la réparation de l’ADN ont contribué à des traitements contre le cancer. Leurs travaux ont permis une meilleure compréhension au niveau moléculaire du fonctionnement cellulaire et ont conduit au développement de nouveaux traitements du cancer.
Les modifications du génome surviennent chaque jour sous l’action d’agents de l’environnement, physiques – rayonnements ultra-violets – ou chimiques – les radicaux libres ou autres substances cancérogènes. En dehors de tout agent extérieur, les mutations de l’ADN peuvent survenir au cours de la division cellulaire (copie), un processus qui se répète des millions de fois chaque jour. Les travaux des 3 chercheurs ont aidé à mieux comprendre les mécanismes de préservation de l’information génétique qui est au fondement de l’identité de chacun et qui est transmise à la descendance.
Fin d’un dogme
Dans les années 1970, le Suédois Tomas Lindahl a fait voler en éclats un dogme partagé par la communauté scientifique : celui de l’extrême stabilité de l’ADN. L’évolution s’expliquait bien par la survenue de mutations mais celles-ci survenaient en nombre très limité. C’est lors de son post-doc à Princeton (États-Unis) où il travaille sur l’ARN – des travaux difficiles en raison de la dégradation rapide de la molécule sous l’action de la chaleur – qu’il formule l’hypothèse d’une l’instabilité de l’ADN. Hypothèse qu’il confirmera plus tard sur du matériel génétique bactérien ce qui l’amènera à décrire le premier mécanisme de réparation de l’ADN. En 1974, il publie les premiers résultats de ses travaux. Ce sera le début de trois décennies de fructueuses recherches notamment en Grande-Bretagne où il intègre le London Research Institute dans les années 1980. Le chercheur parviendra à décrire un processus de réparation impliquant des glycozylases, dit « réparation par excision de base ». En 2008, Tomas Lindahl reçoit le Prix Etranger de l’INSERM.
Le boite à outils s’étoffe
« La boîte à outils des cellules » permettant la réparation de l’ADN a été complétée par le Turco-Américain Aziz Sancar qui a décrit le mécanisme de réparation par excision de nucléotides. Né à Savur, petite ville du sud-est de la Turquie, au sein d’une famille modeste de 8 enfants, Aziz Sancar aurait pu devenir footballeur professionnel, l’équipe nationale junior l’avait approché pour en faire son gardien de but, mais il a préféré se concentrer sur ses études et de devenir médecin. Devenu médecin, il exerce en Turquie et entreprend des études de biochimie. Il s’intéresse aux dommages causés chez les bactéries par les radiations UV et les capacités de réparation après exposition à la lumière bleue. Il rejoint alors à Dallas le Laboratoire de l’Américain Claud Rupert qui, lui aussi, s’intéresse à cette question. En 1976, il parvient à identifier une enzyme de réparation, une photolyase. Il poursuit ses travaux à Yale puis à l’Université de Caroline du Nord où il complète ses travaux.
Du machin au mismatch
Paul Modrich, qui a obtenu son doctorat à Stanford (Californie), travaille comme chercheur au Howard Hughes Medical Institute en banlieue de Washington, et est professeur de biochimie à l’université de Dunke (Caroline du Nord). Il est né en 1946 au Nouveau Mexique. C’est son père, professeur de biologie, qui lui suggère de faire des recherches sur « ce machin », l’ADN pour lequel Watson et Crick avaient eu le prix Nobel un an plus tôt. Ces travaux le conduiront à décrire après ses études à Stanford puis Harvard, un autre mécanisme de réparation, le mismatch repair (réparation des mésappariements se produisant au moment de la réplication de l’ADN).
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