Il y a 5 ans, était réalisée, avec succès, la première greffe mondiale de trachée autologue. Aujourd’hui, une quinzaine de patients dans le monde ont été opérés et mènent une vie normale. La reconstruction d’une trachée avec les tissus du patient, par greffe autologue, fait appel à de la peau prélevée avec sa vascularisation au niveau de l’avant-bras, consolidée avec du cartilage prélevé sur les côtes. Cela permet de remplacer la trachée par un conduit résistant, sans risque de rejet. Les recherches menées ces 5 dernières années visent à améliorer les greffons et leurs surfaces (emploi du titane pour éviter les fractures, revêtement épithélial notamment).
Cette technique, audacieuse, reproductible et ingénieuse, qui associe la chirurgie thoracique, la chirurgie plastique et l’ingénierie tissulaire a été inventée et développée par des chirurgiens-chercheurs français issus de 2 centres experts, le Centre chirurgical Marie Lannelongue et l’Institut Gustave Roussy. En témoignage de cette prouesse, la Fondation des Gueules Cassées a remis son 3e prix au Dr Dominique Fabre et à l’équipe du Pr Elie Fadel (Centre Chirurgical Marie Lannelongue, Le Plessis-Robinson).
Ces auteurs ont mis au point une trachée artificielle autologue qui permet de prendre en charge des patients ayant notamment un cylindrome (ou carcinome adénoïde kystique) jusqu’alors en échec de traitement. La trachée est un organe dynamique et compressible d’une longueur de 10 à 12 cm chez l’adulte. Sa rigidité provient de ses anneaux cartilagineux et sa souplesse résulte de la forme en anneau incomplet des cartilages. Les fonctions de la trachée sont multiples : conduction de la ventilation, évacuation des sécrétions broncho-pulmonaires et protection mécanique des voies respiratoires pulmonaires par le réflexe de toux.
La résection d’un segment limité de la trachée est possible, et la résection-anastomose termino-terminale reste la technique la plus aisée. Néanmoins, cette méthode reste limitée à la moitié de la longueur trachéale chez l’adulte.
La technique du « lambeau chinois ».
Malgré le progrès des prothèses ou des greffes, le remplacement d’une trachée relève du défi, qu’il s’agisse de faire appel à la transplantation de trachée revascularisée, aux prothèses ou aux tissus autologues comme l’œsophage ou la peau, qui se collabent sous l’effet de la dépression inspiratoire. Le bio-engineering, enfin, s’il est intéressant et peut-être prometteur sur le plan scientifique, n’a pas permis à ce jour de remplacement trachéal fiable.
En revanche, D. Fabre et coll. font appel à la technique du lambeau antébrachial radial, dite technique du « lambeau chinois », pour Chinese flap, car elle a été décrite initialement par DY Yang et coll. (1). Un morceau de la peau du patient est « armé » avec des morceaux de cartilage prélevés sur les côtes du patient, cette technique étant employée en chirurgie réparatrice du nez. Ce morceau de peau ainsi que son armature est secondairement courbé et suturé pour en faire un tube de remplacement qui présente à sa face intérieure un « épithélium », la peau du patient. Ce tube est suturé aux deux extrémités, au niveau de la bifurcation trachéo-bronchique en bas et du larynx en haut. La revascularisation du lambeau se fait par une artère sous-clavière ou carotide externe et une veine du cou ou du médiastin. Cela permet de fabriquer des tubes armés qui sont des substituts presque idéaux de la trachée (2).
(2) Fabre D, Kolb F, Fadel E, Mercier O, Mussot S, Le Chevalier T, Dartevelle P. Successful Tracheal Replacement in Humans Using Autologous Tissues: An 8-Year Experience. Ann Thorac Surg. 2013;96(4):1146-55.
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