L’avocat général avait requis la perpétuité et deux ans d’isolement pour Valentino Talludo, le tribunal a estimé que vingt-quatre ans sont une peine suffisamment sévère. Dans son dossier, le juge d’instruction avait inscrit le délit d’« épidémie », un chef d’accusation que le tribunal n’a toutefois pas retenu. Il a finalement été condamné pour avoir infligé de graves « lésions » à la majorité de ses victimes.
Cet Italien séropositif âgé de 33 ans était accusé d’avoir contaminé trente-deux femmes séduites sur la Toile via les réseaux sociaux et les sites de rencontre. Aucune ne savait qu’il était séropositif pour le virus du sida - diagnostiqué en 2006 - et toutes ont accepté d’avoir des rapports sexuels non protégés. Certaines de ses ex-partenaires ont, à leur tour, contaminé leurs compagnons et l'une d'elle a transmis le virus à son bébé. Une vingtaine d’autres jeunes femmes en revanche ont échappé à la contamination ainsi que trois hommes ayant eu des rapports avec des femmes contaminées.
Une première en Italie
L’enquête a démarré début 2015 lorsque l’une de ses victimes a porté plainte après avoir découvert qu’elle était atteinte du sida et qu’elle avait été contaminée par Valentino Talludo. En avril 2015, ce comptable au physique passe-partout est convoqué par les enquêteurs. Six mois plus tard, celui que les médias ont rebaptisé « le Casanova du supermarché » est arrêté. C’était le 24 novembre 2015. La veille, il avait eu des rapports sexuels non protégés avec sa dernière victime.
« Ce verdict fera jurisprudence car il crée un précédent important. Avant Valentino Talludo, personne n’a jamais été accusé du délit de contamination en Italie », a estimé l’avocat général. Dans son réquisitoire, la défense a affirmé que « l’accusé a eu certes un comportement irresponsable mais qu’il n’a jamais voulu infecter ses partenaires ».
Elle a dressé le portrait d'un jeune homme avide d'affection qui n'a jamais connu son père et a perdu sa mère, toxicomane et séropositive, à l'âge de 4 ans. Pour l’avocat des parties civiles en revanche, « Valentino Talluto est à l’origine d’une véritable tragédie sociale car il savait qu’il pouvait contaminer ses victimes en ayant des rapports sexuels non protégés. Il a tout programmé car il demandait à ses partenaires de ne pas utiliser de préservatif au prétexte que le couple peut éprouver plus de plaisir durant les rapports sexuels ». L’accusation et la défense ont déjà annoncé un pourvoi en cassation.
Plusieurs affaires de contamination par le VIH ont été jugées en France. Il y a une dizaine de jours, un homme de 54 ans a été condamné à six ans de prison ferme par la cour d'assises de Seine-Saint-Denis pour avoir contaminé sa conjointe, également mère de ses deux enfants.
En décembre 2016, un homme a été condamné à 12 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises du Gard pour avoir transmis le VIH à sa compagne, lorsque celle-ci avait 16 ans. En 2015, l'augmentation du nombre d'affaires impliquant des séropositifs avait conduit le Conseil national du sida (CNS) à publier des recommandations sur la pénalisation de la transmission du VIH.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation