Conçu pour cibler le peptide de fusion du VIH, un nouveau candidat vaccin contre le virus du sida vient d'être testé avec succès chez des souris, des singes et des cochons d'Inde par des chercheurs de l'Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID).
Dirigés par les Pr John Mascola et Peter Kwong, les chercheurs des NIH « ont utilisé leurs connaissances de la structure du VIH pour identifier un site de vulnérabilité du virus », explique le Dr Anthony Fauci, directeur du NIAID. Ils ont procédé de manière empirique en analysant les échantillons sanguins de participants à plusieurs études sur des vaccins. Leurs résultats sont publiés dans « Nature Medicine ».
Au bout de plusieurs années, certains patients infectés par le VIH-1 produisent des anticorps neutralisant à large spectre (bNAbs), capables de bloquer environ 50 % des virus circulant. Ces derniers sont d'ailleurs déjà utilisés dans des essais vaccinaux. En 2016, les chercheurs du centre de recherche sur les vaccins du NIAID ont identifié un nouvel épitope sur lequel se fixent les bNAbs : le peptide de fusion du VIH. Cette portion de 8 acides aminés, située à l'extrémité N-terminale de la protéine gp41, a alors été reproduite par les chercheurs, intéressés par le fait que cette séquence présente l'avantage d'être très conservée dans l'ensemble des souches virales. Ils ont ensuite expérimenté sa capacité à générer une réponse immunitaire chez une série d'animaux expérimentaux. Cette technique de « rétro-ingénierie » avait déjà été employée pour mettre au point le vaccin expérimenté lors de l'essai thaïlandais « RV144 ».
Une première génération peu convaincante
La première génération d'épitopes mise au point par les chercheurs, une fois injectée dans des souris, provoque la production d'anticorps capables de neutraliser 18 à 20 souches de VIH sur un panel de 208 souches de VIH-1, selon l'anticorps, et 7,7 % à 8,3 % d'un panel de 154 souches résistantes. Une seconde génération d'épitopes présentait un résultat plus satisfaisant : jusqu'à 31 % des souches de VIH-1 étaient neutralisées chez la souris. Ces résultats ont été confirmés chez le cochon d'Inde et le singe.
Le VIH n'est pas l'unique pathogène chez qui le peptide de fusion est envisagé pour servir de cible privilégiée lors de la mise au point de vaccin. C'est aussi le cas du virus Influenza A, du virus Ebola et du virus Lassa. Concernant le virus du sida, les chercheurs américains tentent désormais d'améliorer leur vaccin de manière à le rendre capable de générer une réponse plus importante avec moins d'injections. Ils vont également analyser les bNAbs produits par les singes vaccinés, afin de tester la capacité de ces derniers à protéger d'autres animaux contre une infection par le VIH.
Un essai préliminaire chez l'humain devrait voir le jour au cours de la seconde moitié de 2019. « Il ne semble pas y avoir de barrière intrinsèque qui pourrait mener à penser que des anticorps dirigés contre les protéines de fusion ne fonctionneraient pas chez l'humain », concluent les auteurs.
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