Les résultats encourageants de l’étude Partner présentés à la CROI

Un risque de transmission du VIH quasi nul au sein d’un couple sérodiscordant

Publié le 13/03/2014
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Crédit photo : PHANIE

La nouvelle n’a pas manqué de soulever l’enthousiasme : « On s’en doutait mais c’est confirmé, le traitement antirétroviral stoppe la transmission du VIH entre partenaires » se réjouit l’association de santé communautaire Warning. L’étude multicentrique Partner, dont les résultats ont été présentés lors de la conférence internationale sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI) semble en effet confirmer la quasi-absence de risque de transmission venant d’un partenaire séropositif dont la charge virale est sous contrôle de façon prolongée.

Un recrutement très particulier

La spécificité de Partner est de n’inclure que des couples sérodiscordants ayant fait le choix de ne pas se protéger. Les investigateurs se sont assurés que les membres non infectés de chaque couple connaissaient le statut virologique de leur partenaire, et n’ont analysé que les données des couples dont le membre malade avait une charge virale inférieure à 200 copies/mL pendant les 12 derniers mois. Menée dans 75 pays européens, l’étude incluait 282 couples homosexuels masculins (16 400 relations sexuelles non protégées) et 445 couples hétérosexuels (28 000 relations sexuelles) pour un suivi global de 330 années de vie de couple.

Une étude Partner2 en cours

Ces résultats sont, bien sûr, encourageants, mais les spécialistes préfèrent jouer la prudence « Ce que l’on peut dire » analyse le Pr Jean-François Delfraissy,directeur de l’Agence nationale de recherches sur le SIDA et les hépatites virales (ANRS), « c’est que, dans un couple hétérosexuel, le risque de transmission est pratiquement nul si le traitement est bien suivi. Le nombre de membres homosexuels de la cohorte était trop faible pour être catégorique concernant ce type de patient. » S’il n’y avait pas une seule transmission observée, Alison Roger a tout de même précisé que l’intervalle de confiance montait jusqu’à 4 % de risque de transmission à 10 ans, tous types de relation sexuelle confondus, et jusqu’à 10 % pour les seules relations anales. « Cet intervalle se réduira en augmentant le suivi » a prédit Alison Roger lors de sa présentation. L’étude Partner2 a d’ailleurs commencé, et continuera le suivi de la population de couples gays jusqu’à 2017 pour affiner ces résultats.

Rodger A. et al. HIV transmission risk through condomless sex if HIV+ partner on suppressive ART: PARTNER study. Boston. Abstract#153LB. 2014

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du Médecin: 9309