UNE DES TOUTES prochaines molécules qui sera commercialisée en France en 2012 sera probablement la rilpivirine. Cet inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse, qui appartient à la même famille que l’efavirenz, la névirapine et l’étravirine a obtenu une AMM européenne.
On dispose pour cette molécule des données de deux grands essais publiés en 2011, ECHO (1) et THRIVE (2), qui l’ont comparée à l’efavirenz associé à des analogues nucléosidiques chez des patients naïfs. « En termes d’efficacité et de tolérance, la rilpivirine se révèle équivalente à l’efavirenz, souligne le Pr Jean-Michel Molina. Mais, poursuit-il, si on analyse chacun des paramètres, on note une meilleure tolérance au prix d’une moindre efficacité chez les sujets ayant une forte charge virale. C’est la raison pour laquelle l’AMM sera limitée aux patients ayant une charge virale initiale ‹ 100 000 copies/ml. Son profil de tolérance est nettement meilleur que celui de l’efavirenz, en particulier au cours des premières semaines de traitement : moins de vertiges, d’éruptions cutanées et de troubles du sommeil ».
Autre avantage, la rilpivirine sera disponible seule ou combinée dans un même comprimé à Truvada (association d’emtricitabine et de ténofovir disoproxil). Cette coformulation (commercialisée sous le nom d’Eviplera) représentera la deuxième combinaison disponible en un seul comprimé par jour, la première étant Atripla (association d’efavirenz, d’emtricitabine et de ténofovir disoproxil).
Le « quad ».
Une autre molécule, l’elvitégravir, devrait vraisemblablement être mise à disposition quelques mois plus tard, début 2013. Cette anti-intégrase sera la deuxième sur le marché puisqu’aujourd’hui seul le raltégravir est disponible dans cette classe. Selon les données présentées à la Conférence de Rome en juillet 2011, l’elvitégravir est tout aussi efficace que le raltégravir et est bien toléré dans l’ensemble (3). Son principal intérêt réside en son administration en prise quotidienne unique alors que le raltégravir demande deux prises par jour. Mais cette nouvelle molécule doit être potentialisée par le ritonavir ou le cobicistat. Elle est également évaluée dans le cadre d’une association à Truvada. La coformulation de quatre molécules différentes, le « quad », associera donc dans un même comprimé l’elvitégravir, le cobicistat et Truvada. Les premiers résultats des essais menés montrent que l’efficacité du quad est équivalente à celles d’Atripla et de l’association Truvada-Reyataz-Norvir, qui représentent actuellement la référence en première ligne de traitement. L’avantage sera important : disposer des quatre molécules en une seule prise quotidienne.
Une autre anti-intégrase devrait suivre fin 2013 ou un peu plus tard. Il s’agit du dolutégravir qui, comme l’elvitégravir, est administré en une prise quotidienne unique mais qui n’a pas besoin d’être « boosté ». Des résultats de phase III devraient être prochainement présentés. Le laboratoire ViiV Healthcare envisage une coformulation avec les analogues nucléosidiques, abacavir et lamivudine (Kivexa), qu’il commercialise.
« Il ne faut pas oublier, conclut le Pr Molina, que des essais commencent avec une nouvelle classe d’antirétroviraux, les inhibiteurs d’attachement, qui bloquent la liaison du virus au récepteur cellulaire CD4, intéressante chez les sujets résistants aux traitements déjà disponibles ».
D’après un entretien avec le Pr Jean-Michel Molina, chef de service des maladies infectieuses et tropicales, hôpital Saint-Louis, Paris.
(1)Molina JM, et coll. Rilpivirine versus efavirenz with tenofovir and emtricitabine in treatment-naive adults infected with HIV-1 (ECHO): a phase 3 randomised double-blind active-controlled trial. Lancet 2011;378(9787):238-46.
(2) Cohen CJ, et coll. Rilpivirine versus efavirenz with two background nucleoside or nucleotide reverse transcriptase inhibitors in treatment-naive adults infected with HIV-1 (THRIVE): a phase 3, randomised, non-inferiority trial. Lancet 2011;378(9787):229-37.
(3) Molina JM, et coll. Efficacy and safety of once daily elvitegravir versus twice daily raltegravir in treatment-experienced patients with HIV-1 receiving a ritonavir-boosted protease inhibitor: randomised, double-blind, phase 3, non-inferiority study. Lancet Infect Dis 2012;12(1):27-35.
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