Un tiers, voire la moitié, des migrants d’Afrique subsaharienne suivis pour le VIH en France ont été infectés après être arrivés sur le sol français, selon la première étude menée en France sur le sujet, publiée dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (« BEH ») de l’Institut national de veille sanitaire (InVS).
Alors que les personnes nées dans un pays d’Afrique subsaharienne ne représentent que 1 % de la population française, ils correspondent à 24 % des personnes suivies pour le VIH en France. Parce que ces migrants viennent de pays où la prévalence du VIH est élevée, l’hypothèse d’une contamination antérieure à leur arrivée en France a longtemps été privilégiée. Mais ce postulat est remis en question par un nombre croissant de travaux, qui suggèrent qu’une grande partie des migrants d’Afrique subsaharienne pourrait acquérir l’infection après leur migration.
Au Royaume-Uni, cette proportion a récemment été estimée à 31 %. En France, les données de surveillance du VIH sur la période 2003-2010 indiquaient que 28 % des migrants subsahariens nouvellement diagnostiqués pour un VIH étaient infectés par un sous-type B – un sous-type très rare en Afrique, suggérant donc également une acquisition du VIH après l’arrivée en Europe.
Plus prononcé chez les hommes
L’étude du « BEH » est la première enquête de prévalence du VIH dans cette population en France. Pour ces travaux, menés en 2012-2013, le groupe ANRS-Parcours a combiné des données biographiques et cliniques auprès de personnes nées en Afrique subsaharienne et vivant en Ile-de-France – région la plus touchée par le VIH, et où vit la majeure partie des migrants subsahariens en France. D’après les résultats, parmi les 898 hommes et femmes participants à l’enquête, entre 35 % (selon le scénario conservateur) et 49 % (selon le scénario médian) aurait acquis le VIH après leur arrivée en France – une proportion qui apparaît donc encore plus élevée en France qu’aux Royaume-Uni, et « il est probable que nous ayons sous-estimé légèrement le phénomène d’infection VIH en France », soulignent les auteurs.
Le phénomène était plus prononcé chez les hommes que chez les femmes qui, pour leur part, seraient davantage contaminées avant leur arrivée, à un âge plus précoce. « Les hommes prennent sans doute aussi plus de risques sexuels que les femmes après la migration », font remarquer les auteurs, citant des travaux ayant déjà mis en évidence cette tendance en France et au Royaume-Uni.
L’équipe conclut que la lutte contre le VIH dans cette population ne passe pas seulement par un bon accès au dépistage dans la première période de l’immigration, « il apparaît aussi nécessaire de mieux connaître les comportements et les risques sexuels des migrants d’Afrique subsaharienne après l’arrivée en France et leurs déterminants, pour mieux prendre en compte les besoins de cette population ».
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