« Avec 30 000 nouvelles infections annuelles enregistrées au cours de ces dix dernières années, le VIH reste un enjeu de santé publique important dans les 31 pays de l'Union européenne et de la Communauté économique européenne », souligne le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC).
À l'occasion d'une réunion du Conseil européen sous présidence maltaise, plusieurs experts du VIH devaient définir de nouveaux objectifs pour 2030 et les stratégies à mettre en œuvre afin d'inverser la tendance actuelle.
Les données disponibles montrent que les nouvelles infections concernent surtout les homosexuels (42 %) et, pour une moindre part, les migrants (37 %) dont la plupart s'infectent après leur arrivée en Europe. La transmission mère-enfant a été pratiquement éliminée en Europe.
17 % des séropositifs ignorent leur statut
Selon le rapport, la prévention reste insuffisante dans 2 pays européens sur 3. Le déploiement des mesures susceptibles de réduire la transmission et le nombre de nouvelles infections comme la mise à disposition du préservatif, la prévention pré-exposition (PrEP), la réduction des risques chez les usagers de drogues injectables, est largement insuffisant dans ces pays.
Par ailleurs, les données disponibles dans 20 pays européens montrent que 17 % des séropositifs ne sont pas diagnostiqués et que, parmi ceux qui sont dépistés, 47 % le sont trop tard avec des taux de CD4 < 350 cellules/mm3. « La proportion élevée de ceux qui ignorent leur séropositivité ou qui ont un diagnostic tardif met en évidence l'insuffisance du dépistage ou de l'accès au dépistage qui échoue à toucher ceux qui sont le plus à risque », souligne encore le rapport.
Des progrès ont été réalisés dans l'accès au traitement, avec de plus en plus de pays recommandant la mise sous antirétroviraux quel que soit le taux de CD4. De 4 en 2014, ce chiffre est passé à 24 en 2016. « Toutefois, une personne sur 6 parmi ceux qui ont un diagnostic positif ne bénéficie toujours pas du traitement », déplore l'ECDC.
Autre point positif, 89 % des personnes traitées ont une charge virale indétectable. Là encore, le rapport met en garde contre l'hétérogénéité de ces données, certains pays affichant plutôt une proportion de 51 %.
La France dans le deuxième peloton
La France figure parmi les deux pays européens avec la Norvège, la PrEP pour les personnes à risque, une situation qui devrait évoluer rapidement car une dizaine d'autres pays sont en train de mettre en place des programmes PrEP. Concernant la proportion de personnes traitées qui ont une charge virale indétectable me France ne se situe pas dans le peloton de tête constitué par le Danemark, la Suède et le Royaume-Uni qui ont d'ores et déjà atteint l'objectif fixé par l'ONU (73 % d'ici à 2020) mais avec plus de 66 %, elle figure aux côtés des Pays-Bas, de la Belgique, de l'Allemagne et de l'Espagne dans le groupe qui s'apprête à atteindre cet objectif.
Les recommandations actualisées du groupe d'experts sur la prise en charge du VIH, dit « rapport Morlat », sont désormais disponibles sur le site du Conseil national du sida (CNS). Les recommandations relatives à la prophylaxie pré-exposition (PreP) ont été publiées de façon autonome en 2015. Le groupe d'experts a lancé au printemps 2016 une nouvelle révision du rapport qui devrait s'achever à l'été 2017 avec une mise en ligne des recommandations au fur et à mesure de leur actualisation. Le chapitre sur l'initiation du premier traitement antirétroviral, qui rappelle que le traitement doit être précoce quel que soit le nombre de CD4 en en précisant les modalités, a été actualisé en novembre 2016, tout comme celui sur l'optimisation et l'allégement des traitements ou la prise en charge d'une primo-infection.
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