Un dépistage ciblé des infections par le VIH, mené dans les services d'urgence par des infirmiers est non seulement faisable, mais aussi efficace, selon les travaux publiés dans « Annals of Emergency Medicine » par le Dr Judith Leblanc (centre de recherche clinique de l'Est Parisien) et ses collègues.
Leur étude DICI-VIH, soutenue par l’AP-HP et l’ANRS, s'est déroulée dans 8 services d'urgence et a porté sur près de 150 000 patients. Pendant la période dite « contrôle » comprenant uniquement la pratique diagnostique médicale habituelle, sur les 74 166 premiers participants, 92 ont bénéficié d'un test VIH dont et six se sont révélés être positifs.
Un test rapide VIH proposé aux patients les plus exposés
Pendant la seconde période, dite « intervention », un test rapide VIH était aussi proposé par les infirmiers aux patients les plus exposés en fonction des réponses à un auto-questionnaire. Ce sont cette fois-ci 16 468 tests qui ont été réalisés dont 4 341 chez des patients appartenant à un groupe à risque d'infection. Dans 2 818 cas, le test a été effectué par un infirmier. Les auteurs recensent 13 nouveaux diagnostiques.
Il y avait donc 3 nouveaux diagnostics pour 10 000 patients admis dans les services d'urgences appliquant cette stratégie de dépistage ciblée par les infirmiers, contre 0,8/10 000 lors de la période de contrôle. Le coût supplémentaire était de 1 324 euros par nouveau diagnostic.
Ces résultats sont en faveur d’une stratégie de dépistage du VIH ciblé sur les personnes les plus exposées dans les services d’urgences, et complète les données produites par la même équipe dans « Archive of internal medicine », en 2012.
Bien fondé des recommandations
Les chercheurs avaient montré que l'implémentation d'un dépistage des patients tout venant admis aux urgences était faisable, mais résultait en un petit nombre de dépistages positifs, chez des patients appartenant tous à un groupe à haut risque. « Nos résultats ne soutiennent pas l'idée d'un dépistage généralisé au sein d'un service d'urgence », avaient conclu le Dr Kayigan Wilson d’Almeida et ses collègues du centre de recherche en épidémiologie et santé des populations, à Villejuif.
L'ensemble de ces résultats semblent confirmer le bien-fondé des récents changements de paradigme des recommandations de prise en charge du VIH : en octobre dernier, les experts dirigés par le Pr Morlat préconisaient pour la première fois la substitution du dépistage ciblé au dépistage généralisé.
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