LES RÉSULTATS ÉPIDÉMIOLOGIQUES des études de prévention de la contamination montrent que des efforts soutenus sont nécessaires en France dans ce domaine. L’évaluation de l’incidence des nouvelles contaminations entre 2003 et 2008 a été présentée en détail. En 2008, il y a encore 7 000 nouvelles infections dont la grande majorité est observée dans la communauté homosexuelle masculine, alors que dans les autres groupes à risque, elle tend à diminuer. Le taux de contamination, de 1 % par an dans cette communauté, est deux fois plus élevé que dans la population. Il existe différentes pistes. Le projet de l’ANRS, avec les groupes communautaires, est, d’une part, de favoriser le dépistage avec des tests de diagnostic rapide, d’autre part, d’utiliser plus largement les traitements dans le cadre de la prévention.
Cette deuxième notion a été confortée par les résultats d’une équipe canadienne de Colombie Britannique, montrant l’impact de l’utilisation large d’ARV chez une communauté de toxicomanes à Vancouver, où l’on observe une réduction globale de la charge virale et une réduction du nombre des contaminations. Pour influer sur l’épidémie, des réflexions sont en cours sur d’autres perspectives, notamment un programme de dépistage plus large des sujets à risque et l’utilisation plus rapide et plus précoce des antirétroviraux, en partenariat avec des collègues d’Afrique du Sud.
L’impact des antirétroviraux.
Des stratégies de prophylaxie pré-exposition par les ARV sont à l’étude chez les humains, dans les groupes à risque (couples hétérosexuels sérodifférents et homosexuels masculins), après des résultats préliminaires positifs chez l’animal, en donnant les ARV avant et juste après l’exposition sexuelle au virus. Les résultats préliminaires d’une étude menée en Afrique montrent l’impact des ARV. Chez 3 000 couples sérodifférents, dans une situation où les préservatifs sont très peu utilisés, après 7 mois d’utilisation des ARV en préventif, il y a une réduction de 92 % des nouvelles contaminations. Sur 103 contaminations, 102 sont survenues chez des couples ne prenant pas d’ARV. Toutefois ce résultat préliminaire montre que la protection n’est pas absolue et ne permet pas de modifier les recommandations d’utilisation de préservatifs.
« C’est un résultat intéressant sur le plan épidémiologique (l’utilisation des larges des ARV peut réduire la contamination), moins au plan individuel », commente le Pr Jean-Michel Molina. Les taux de transmission sont importants lorsque les CD4 sont bas (moins de 200), d’où le projet de renforcer l’accès au traitement des personnes ayant un déficit immunitaire, pour eux-mêmes comme pour leur partenaire.
La CROI marque par ailleurs la fin des microbicides de première génération, ne comportant pas d’ARV, qui ne font pas la preuve d’un effet protecteur. Des essais de phase II et III sont en cours avec des microbicides ayant des ARV.
Le budget de l’ANRS.
L’ANRS est engagée dans plusieurs essais, mais le Pr Delfraissy (directeur de l’ANRS) souligne la situation difficile de l’Agence pour poursuivre des études, qui demandent des moyens logistiques importants. « Le budget de l’ANRS ne permettra pas d’aller en phase III, sauf s’il est augmenté », commente le scientifique qui espère que l’agence ne sera pas oubliée dans les retombées du grand emprunt.
Par ailleurs, les résultats de l’étude ANRS EP 36 chez les patients qui contrôlent spontanément l’infection montrent que certaines des cellules T CD4 mémoires des contrôleurs du VIH ont la capacité de détecter et de lier de très faibles quantités de protéines gag du VIH. Le système immunitaire de ces sujets s’active dès que le virus commence à se multiplier (étude à paraître dans « PLoS Pathogens »).
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation