VIH : une jeune Française en rémission depuis douze ans

Publié le 21/07/2015

Crédit photo : Phanie

Une jeune Française de 18 ans, infectée par le virus du VIH à la naissance par voie materno-fœtale est en rémission virologique, alors qu’elle ne prend plus de traitement antirétroviral depuis douze ans. C’est une annonce inédite, qui a fait du bruit à la 8e Conférence sur la pathogenèse du VIH, le traitement et la prévention, organisée par l’International AIDS Society (IAS) jusqu’au 22 juillet à Vancouver, au Canada. Il s’agit du premier cas mondial de rémission aussi prolongée chez un enfant. Il serait probablement dû au traitement antirétroviral initié peu après sa naissance, et poursuivi environ 6 ans.

L’initiation du traitement dès la naissance

Née en 1996, cette jeune femme fait partie de la cohorte pédiatrique ANRS EPF CO10. Mise sous traitement prophylactique par zidovudine pendant six semaines dès la naissance, cette enfant s’est cependant révélée infectée par le VIH un mois après la naissance. Deux mois plus tard, et suite à l’arrêt programmé du traitement prophylactique, elle présentait une charge virale très élevée, ce qui a conduit à la mise en route d’un traitement associant quatre antirétroviraux. Ce traitement a été poursuivi jusqu’à ce que l’enfant ait presque 6 ans.

Perdue de vue

Elle a ensuite été perdue de vue, et sa famille a décidé d’interrompre la prise des antirétroviraux. Revue un an plus tard par son équipe médicale, la jeune fille avait une charge virale inférieure à 50 copies d’ARN-VIH par ml de sang. Ses médecins ont dès lors décidé de ne pas reprendre le traitement. Douze ans plus tard, le nombre de copies d’ARN circulant reste sous la barre des 4 copies/ml, et son nombre de CD4 est resté stable.

D’un point de vue clinique, son état est similaire à celui des patients adultes de cohorte ANRS VISCONTI. Selon le Dr Asier Saez-Cirion, chargé de recherche dans l’unité de régulation des infections rétrovirales de l’Institut Pasteur de Paris, et qui a annoncé la nouvelle à Vancouver, « cette enfant ne présente aucun des facteurs génétiques connus pour être associés à un contrôle naturel de l’infection. Selon toute vraisemblance, c’est le fait d’avoir reçu très tôt après sa contamination une combinaison d’antirétroviraux qui lui permet d’être en rémission virologique depuis aussi longtemps. »

C’est une nouvelle qui réjouit la communauté des chercheurs refroidis par les espoirs déçus du Mississippi Baby.

Damien Coulomb

Source : lequotidiendumedecin.fr