C’EST UN PETIT salon-laboratoire situé au cœur de l’hôpital de long séjour La Collégiale. La volontaire du jour est une dame de 77 ans. Elle a répondu à un mail envoyé par son club de troisième âge et qui demandait des volontaires pour participer à une recherche à l’hôpital Broca-La Collégiale. Elle manie bien la souris. Mais son face-à-face avec un lapin-robot la surprend un peu. Il s’agit d’identifier les « émotions » exprimées par le robot en bougeant ses oreilles et en allumant plus ou moins vite ses diodes de différentes couleurs. Il fait ce qu’il peut le lapin, mais Mme G., ancienne puéricultrice, ne le trouve pas très expressif : elle met 0 à la colère et à la surprise mais 8 à la joie. « Là, il est joyeux, oui. »
« Nous avons commencé par organiser trois focus groupes avec des personnes de 66 à 89 ans ; 15 au total, dont 7 souffraient de troubles cognitifs légers (MCI pour Mild Cognitive Impairment), explique Victoria Cristancho-Lacroix, neuropsychologue. Il s’agissait de définir ce qu’elles pouvaient attendre d’un robot. Ce qui les intéressait, c’était d’avoir une aide pour des exercices de stimulation cognitive. Le portrait-robot du robot idéal dévoilait un objet rond. » Le lapin Nabaztag* s’en approchait le plus. Mais il s’agit d’en faire un coach efficace capable d’émotion. Pour chaque émotion, les psychologues ont imaginé une « chorégraphie » et sont en train de la valider auprès de 40 volontaires (20 jeunes, 20 personnes âgées). tout cela dans le cadre du projet Robadom sur l’évaluation des effets psychologiques et cognitifs d’un robot compagnon à domicile. Dans le salon de recherche, un autre robot propose d’ailleurs toutes sortes de services à partir d’une tablette tactile. C’est prouvé, les écrans tactiles sont beaucoup plus facile à appréhender que les souris…
Stimulation cognitive.
Le grand écran de télévision, en face du canapé, sert aux exercices sur la Wii. La manette interactive de Nintendo rencontre un grand succès dans les maisons de retraite qui s’en servent pour les animations, souligne Grégory Legouverneur, psychologue spécialisé en gérontologie : « Nous voulons voir s’il est possible de créer des exercices de stimulation cognitive plus en rapport avec la vie réelle des personnes âgées. Nous utilisons un jeu de bowling et un jeu de tennis pour mesurer la maniabilité de l’ensemble pour trois groupes : personnes âgées, personnes MCI ou patients Alzheimer qui viennent de l’hôpital de jour de Broca. » La mémoire procédurale est conservée chez ces malades (ils savent toujours jouer au tennis). « Le but est d’élaborer et valider des serious games suffisamment ludiques pour que l’entraînement soit régulier. Nous allons aussi tester la Kinect de Microsoft avec laquelle il faut bouger son corps. »
Soutenu par France Alzheimer, le laboratoire a aussi évalué un téléphone portable simplifié, des aides à distances, des programmes informatisés de stimulation de la mémoire… Et finalise, dans le cadre du projet Diapason, un site Internet destiné aux aidants des patients atteints de la maladie d’Alzheimer.
* Rebaptisé Karotz et doté d’une webcam depuis son rachat par Mindscape.
Xénogreffe : un avenir se dessine en France
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage