Avec un chiffre total de 216 700 interruptions volontaires de grossesse (IVG), l'année 2017 confirme la tendance à la stabilisation qui s'observe depuis plus de 15 ans, met en lumière la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DRESS), dans son bulletin de septembre 2018.
Depuis 2001, le nombre d'IVG varie chaque année entre 215 000 et 230 000. Il était de 216 074 en 2016. De même, l'indice conjoncturel (le nombre moyen d'IVG par femmes) ne fluctue qu'insensiblement : de 0,52 en 2016, il passe à 0,53 en 2017. Le pourcentage de femmes ayant recours à une IVG au cours de leur vie féconde fléchit, de 33 % (selon les données de 2011) à 32 %.
L'Ile-de-France, le sud, et les DROM particulièrement concernés
En 2017, on recense 14,4 IVG pour 1 000 femmes de 15 à 49 ans et 26,2 dans les DROM. Les inégalités territoriales persistent. Le taux de recours varie en métropole de 10,2 IVG pour 1 000 femmes dans les Pays de la Loire à 20,8 pour 1 000 en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Il est légèrement supérieur à 17 pour 1000 femmes en Ile-de-France et en Corse. Dans les DROM, il dépasse la barre des 33 en Guadeloupe et en Guyane ; et tourne autour des 20 pour les avortements de mineures en Guyane (23,6), à Mayotte (22,4) et en Martinique (18,3) - vs 4 à 9 IVG pour 1 000 mineures en métropole.
La DREES souligne aussi les variations entre les régions dans la proportion des IVG tardives, réalisées entre 12 et 14 semaines d'aménorrhée, révélatrice des difficultés de parcours et d'accès. Elle fluctue de 1 % à 9 % (Bourgogne-France-Comté ; Pays de la Loire) en métropole et grimpe jusqu'à 16 % à Mayotte.
Quant aux âges, les jeunes femmes de 20 à 24 ans restent la population la plus touchée (26,7 IVG pour 1 000 femmes). Les taux continuent de décroître chez les moins de 20 ans, tandis qu'ils croissent parmi les 25-39 ans.
Augmentation des IVG médicamenteuses
La part des IVG réalisées hors hôpital continue de croître. De 16,4 % en cabinet libéral en 2016, elle passe à 19,2 % en 2017 (notamment en PACA, Ile-de-France, et à la Réunion) ; et de 1,2 % à 2,2 % pour les centres de santé et les CPEF (et jusqu'à 4 % en Ile de France).
Hors établissement les généralistes sont aux premiers rangs pour les IVG médicamenteuses (65 % dans les centres, 43 % en libéral), suivis des gynécologues obstétriciens (19 % dans les centres, 42 % en libéral). Et 3 % des IVG médicamenteuses sont prescrites par des sages-femmes.
À l'hôpital, les IVG médicamenteuses progressent encore pour atteindre 59 % en 2017, vs 56 % en 2016 et... 10 % en 1992. Tous lieux confondus, 67,5 % des IVG sont réalisées de façon médicamenteuse en métropole et 76 % dans les DROM.
Une PPL contre la clause de conscience
La sénatrice Laurence Rossignol et 71 autres élus socialistes déposent ce 28 septembre, journée mondiale pour le droit à l'avortement, une proposition de loi pour supprimer la clause de conscience spécifique à l'IVG, alors que le débat a repris après les propos du Dr Bertrand de Rochambeau.
« Cette clause est aujourd’hui le symbole d’un pouvoir médical qui s’arroge le droit de contester la loi et continue de se mobiliser pour contrôler le corps des femmes. C’est une menace constante et insidieuse qui pèse sur nous toutes. Les professionnel.le.s de santé disposent déjà, dans le Code de la déontologie, du droit de refuser de pratiquer des actes médicaux pour des raisons personnelles », explique l'ancienne ministre des droits des femmes.
« La clause de conscience spécifique à l’IVG est un doublon dont la seule finalité est de culpabiliser et dissuader les femmes. La supprimer adresse aux adversaires de l’IVG et à la société un message fort : le corps des femmes leur appartient », estime-t-elle.
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