REVENONS d’abord sur la question : elle est légitime. La limite de 3 % du PIB a été inventée par les technocrates qui ont rédigé le traité de Maastricht. Elle ne correspond à rien de vraiment précis, sinon que, à 3 %, on estime qu’il s’agit d’un déficit résiduel qui sert uniquement à des investissements producteurs de richesse et d’emploi. L’idéal, c’est 0 % et, pour atteindre le possible, il vaut mieux viser l’idéal. Mais il est vrai que, à 4 %, et si un pays n’est pas trop endetté (un autre critère de Maastricht fixe la dette publique à 60 % du PIB, nous en sommes à 91 %, et ce n’est pas fini), l’économie peut encore croître. On peut être tenté par un relâchement des exigences quand l’ensemble de la population souffre excessivement. On a vu ce que les politiques d’austérité font à la Grèce, au Portugal, à l’Irlande, à l’Espagne et maintenant à la France. Alors, au diable les 3 % ?
Les économistes roulent de gros yeux.
Non. Si François Hollande s’est engagé au retour au quasi équilibre budgétaire à la fin de l’année prochaine, c’est d’abord parce que notre endettement prive le pays de ressources indispensables à la relance de l’investissement et à la création d’emplois. Nous ne sentons pas le poids de la dette, il est virtuel. Nous ne commençons à en évaluer la gravité que parce que les économistes roulent de gros yeux et que le gouvernement nous rappelle sans cesse que nous n’avons pas le droit de laisser à nos enfants un fardeau aussi lourd, que nous avons besoin de ressources pour remettre les jeunes au travail, que les marchés nous attendent au tournant. Un soupçon de laxisme en France et les spéculateurs se jetteront sur nous comme des vautours sur un animal agonisant.
SI VOUS TROUVEZ LES 3% FANTAISISTES, PENSEZ A 0%
C’est ensuite parce que le pouvoir souhaite envoyer un signal dépourvu de toute ambiguïté : nous ne laisserons pas filer le déficit, nous allons stabiliser la dette et, partant, nous allons diminuer le service de la même dette, ce qui dégagera des fonds pour l’innovation, la recherche et la création de nouveaux produits. Le chef de l’État a compris que les taux exceptionnellement bas auxquels les banques et institutions diverses nous prêtent de l’argent à l’heure actuelle risquent, à la moindre incartade, d’atteindre ceux qui sont proposés à l’Espagne. Nous ne pouvons pas vivre avec cette épée de Damoclès. L’avantage d’une politique de rigueur, c’est qu’elle produit des résultats meilleurs d’une année sur l’autre. Si nous entrons dans un cercle vertueux, nous y resterons en faisant moins d’efforts chaque année.
Cela doit conduire notre réflexion bien au-delà des 3 %. Pourquoi pas 0 % ? En réalité, les chiffres ne veulent rien dire. Ce qui fait sens, c’est la capacité de ne pas vivre au-dessus de ses moyens, de ne pas hypothéquer l’avenir, de ne pas se priver de tout uniquement parce que nous avons, chaque année, quelque 55 milliards d’euros à payer, non pour notre bien-être, mais pour les seuls intérêts de la dette, même pas pour rembourser le capital. La voie sur laquelle le gouvernement nous conduit, c’est celle du sens commun, de la sagesse et de l’espoir. Dans ces colonnes, nous ne nous privons pas de critiquer le pouvoir. Mais comment ne pas observer l’horizon avec le même regard que le sien ? On peut discuter des méthodes, d’une fiscalité trop lourde, de gestes trop politiques ou idéologiques, on ne peut pas discuter d’un objectif qui doit être commun aux 63 millions de Français. Notre position au sein de la zone euro et de l’Union européenne (UE) exige certes que nous ayons quelques lettres de créances convaincantes, comme une meilleure maîtrise de la dette. Mais ce n’est ni la faute de l’euro ni celle de l’UE si nous avons accumulé une dette de 1 832 milliards. C’est notre faute collective. Nous ne pouvons que soutenir les objectifs de la politique économique et financière du gouvernement, même si nous critiquons les méthodes de mise en œuvre de cette politique.
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