LA DÉBÂCLE crée d’inévitables vocations. Nous ne sommes pas les seuls à nous interroger sur la candidature de Nicolas Sarkozy à un second mandat. Dominique de Villepin se met en ordre de bataille en créant son mouvement qui n’aura rien à voir avec l’UMP. Voilà un danger que le président a créé de toutes pièces en poursuivant l’ancien Premier ministre de sa hargne et de ses verdicts anticipés . D’autres personnalités, voués à la loyauté par leurs fonctions actuelles, n’en sont pas moins de minutieux observateurs de la crise, remontés comme des ressorts et prêts à bondir sur le pouvoir dès que M. Sarkozy fera mine de lâcher prise. Voilà comment, en très peu de temps, un hyperprésident que rien ne semblait faire reculer, a perdu tant d’appuis qu’on ne le croit plus capable de reconquérir l’opinion dans la perspective de 2012.
LE PLUS GRAND DANGER, C’EST LE RETOUR À LA CASE ZÉRO
Pour réformer, il faut être un peu inconscient.
C’est au pays qu’il aura fait le plus de mal. Ce n’est pas parce que les électeurs l’ont disqualifié qu’il faille rejeter tout ce qu’il a entrepris. L’ouverture, à laquelle il semble renoncer durablement, était une bonne idée dans la mesure où elle tendait à mettre un terme au sectarisme politique en France ; la rupture, qui visait l’apathique gestion de son prédécesseur, avait de nombreux partisans dès lors que ce simple mot ouvrait la voie à d’indispensables réformes. La valse des postes gouvernementaux prétend accuser réception des critiques du « dedans », celles des gaullistes ou d’une droite plus traditionnelle. Adieu, l’ouverture, adieu la rupture ! Cela signifie-t-il que l’on ne fera plus que ce qui convient au peuple ? Que l’on renoncera aux réformes ? Qu’on laissera filer les déficits ?
On ne tombera pas dans ce travers, mais la force de Sarkozy, jusqu’à présent, consistait à dépasser les préjugés, les convenances, les forces éternelles de l’inertie qui répètent à satiété que rien n’est possible. Demandez aux gens raisonnables comment on procède à une réforme des retraites en satisfaisant les bénéficiaires, les cotisants, les syndicats et la gauche. Ils répondront sans hésiter que l’on perd son temps. La différence, avec Sarkozy, c’est qu’il s’est cru, jusqu’à présent, capable de faire l’impossible. Privé de sa certitude par sa lourde défaite, il finira bien par se demander ce qui est le plus important, qu’il mette en uvre une réforme nécessaire ou qu’il survive politiquement. Pour l’instant, il na pas donné de signes de contrition. Mardi, à propos de l’insécurité, il a reparlé, comme naguère, de « tolérance zéro », comme si les victimes de la délinquance pouvaient se satisfaire d’un slogan qui a au moins dix ans d’âge. Nous ne croyons pas non plus qu’il soit à ce point vidé de son énergie et de son courage qu’il en oublie la réforme des retaites. On ne le répètera jamais assez : M. Sarkozy n’a pas besoin d’occuper le terrain en toute circonstance, il n’a pas besoin de prononcer un discours par jour, il n’a pas besoin de convaincre par les mots. Il doit se contenter d’agir : négocier la réforme des retraites, la dernière, semble-t-il de son quinquennat, sans jamais commenter la négociation, et ne parler que lorsqu’elle sera adoptée et viable.
Les socialistes et les écologistes, qui auront un mal fou à mettre au point un programme commun, tant leurs différences sont grandes, sur les choix industriels, sur la croissance elle-même, et sur la façon de créer des emplois, ne sont pas tous devenus des saint-jean bouches d’or parce qu’ils ont gagné les élections régionales. Ils ont vitupéré, avec plus de haine que d’arguments, contre l’ouverture. Ils ont raillé le mot de rupture. Ils ont banni les hommes de gauche qui ont consenti à travailler averc la majorité. Si les Français se sentent orphelins, s’ils se sont abstenus ou ont voté pour le FN, c’est justement parce qu’ils ont cru à la méthode Sarkozy, qu’ils les a déçus par des promesses non tenues ou par des réformes qui manquaient de finition. Ce n’est pas parce qu’ils ont soudainement trouvé à l’opposition les vertus, les idées et les plans qu’elle prétend avoir mais qu’ils ne lui ont pas reconnus.
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