Amateurs de polémiques court-termistes, passez votre chemin ! Consacré à la santé, le dernier « hors-série poche » d’Alternatives Économiques ambitionne de partir « à la recherche d’un nouveau modèle ». C’est à une refonte du système de santé qu’appelle cet opuscule.
« Alter Éco » part d’une question simple : pourquoi sommes-nous de plus en plus malades ? La réponse serait à chercher du côté des modes de vie : changement des habitudes alimentaires, pression croissante subie au travail, influence grandissante des perturbateurs endocriniens... L’une des idées fortes de l’ouvrage est la nécessité de miser sur la prévention, en changeant de paradigme. Comme l’explique André Cicolella, président du Réseau environnement et santé, il faut « passer d’une politique de santé uniquement centrée sur les soins à une politique plus équilibrée qui se préoccupe aussi d’agir sur les causes ».
Autre thème récurrent : les inégalités de santé. « La France est un des pays d’Europe où les inégalités d’accès aux soins sont les plus fortes », analyse Florence Jusot, économiste de la santé et professeure à l’université de Rouen. Didier Tabuteau, responsable de la chaire santé de Sciences-Po Paris, préconise de stopper le désengagement progressif du remboursement des soins courants par l’assurance-maladie. Étienne Caniard, président de la Mutualité Française, met l’accent sur la généralisation de l’accès à la complémentaire santé.
La médecine libérale et « Big Pharma » égratignés
Les médecins libéraux sont pointés du doigt. Le journaliste David Belliard déplore « l’impuissance de la médecine libérale à répondre équitablement aux demandes de soins ». Il juge que « les médecins restent très fortement attachés à leur liberté d’installation, qui empêche toute tentative efficace d’une meilleure distribution de ces derniers sur le territoire ». Le paiement à l’acte, autre pilier de l’exercice libéral, est ciblé. Il ne doit plus être le mode de rémunération quasi exclusif, si l’on en croit Marie Kayser, médecin généraliste, membre de la rédaction de la revue Pratiques.
« Big Pharma » se retrouve aussi sur le banc des accusés. Alternatives Économiques rend les laboratoires et l’État partiellement responsables d’une situation de surconsommation médicamenteuse en France. « La logique de fixation des prix repose moins sur la mesure de l’intérêt thérapeutique que sur le souci de soutenir économiquement les laboratoires », écrit David Belliard. La percée difficile des génériques ? « Cette situation est une exception française », écrit Laure Lechertier, responsable du département politique des produits de santé à la Mutualité Française.
Beaucoup déploreront le caractère univoque des idées défendues dans ce hors-série. Alternatives Éco revendique une ligne éditoriale de gauche et n’y déroge pas. Les médecins pourront regretter à bon droit que seulement deux articles soient écrits par des confrères.
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