La suppression du droit d’entrée de 30 euros à l’aide médicale d’État, promise par François Hollande pendant sa campagne présidentielle, n’a pas encore été actée qu’elle fait couler beaucoup d’encre. Deux députés UMP ont violemment critiqué l’annonce d’un « texte de loi dans les prochains jours », faite lundi par la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine.
L’ancien ministre (chargé des transports) Thierry Mariani juge le projet « totalement hallucinant et démagogique ».« Une fois de plus, ça va dans la même direction idéologique et cela augure mal de ce qui va être fait en matière d’immigration illégale », a déclaré le député de la 11e circonscription des Français de l’Étranger. « Au moment où on s’apprête à demander à tous les Français de faire des efforts, le gouvernement se prive d’une recette certes symbolique, mais qui était la seule contribution des clandestins aux soins médicaux », a-t-il poursuivi. C’est une « faute contre la solidarité nationale » et « un encouragement à l’immigration illégale » a jugé Guillaume Larrivé, député UMP, ancien directeur adjoint de Brice Hortefeux au ministère de l’Immigration.
Plus radical encore, le Front National réclame la suppression du dispositif de l’AME créé en 2000. « Le coût annuel de l’AME est en augmentation continue depuis 10 ans. Il est particulièrement déplorable que l’UMP au pouvoir depuis 10 ans et tenant des discours de prétendue fermeté n’ait pas supprimé l’AME » déplore Nicolas Bay, membre du bureau politique.
Vers une refonte du dispositif ?
À l’opposé, les organisations d’aide aux étrangers ont salué la suppression du ticket annuel de 30 euros. France Terre d’Asile juge la mesure « de bon sens » parce qu’elle « va vers une plus grande dignité des personnes précaires tout en favorisant une meilleure gestion des finances publiques ». Selon l’association, le droit d’entrée aggrave la facture de prises en charge hospitalières tardives lorsque certains malades repoussent les soins.
L’Observatoire du droit à la santé des étrangers (ODSE) émet un satisfecit plus nuancé : si cette décision « met un terme à une absurdité économique et sanitaire », elle reste insuffisante. L’ODSE plaide pour une intégration de l’AME dans le dispositif de la couverture maladie universelle (CMU). « Il est temps d’engager une réflexion de fond pour une réelle égalité devant le soin » estime l’Observatoire, qui appelle le gouvernement à supprimer également les restrictions sur le panier de soins (comme les cures thermales et les actes relatifs à l’assistance médicale à la procréation sont exclus de l’AME), ainsi que l’obligation de l’agrément pour les soins hospitaliers coûtant plus de 15 000 euros.
Dès 2011, les députés Claude Goasguen (UMP) et Christophe Sirugue (PS) avait préconisé dans un rapport une réforme de la gestion de l’AME. En 2011, 220 000 personnes ont bénéficié du dispositif, pour un coût global de 588 millions d’euros, contre 75 millions d’euros lors de l’année de son instauration en 2000. La suppression du droit d’entrée de 30 euros devrait représenter un manque à gagner de 3 millions d’euros pour la Sécurité sociale en 2012, prévoit le collectif budgétaire examiné ce mercredi en Conseil des ministres.
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