Alors que chaque année, environ un quart des fumeurs tentent d'arrêter la cigarette (au moins une semaine), nombreux sont ceux avoir du mal à rendre pérenne cette volonté. Pour identifier les facteurs de réussite, Santé publique France a réalisé une enquête visant à étudier le maintien de l’abstinence tabagique en fonction des caractéristiques socioéconomiques et des modalités d’arrêt. Les résultats ont été publiés dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » du 5 janvier.
Différents moyens sont à la disposition des fumeurs pour les aider à arrêter. Dans ses recommandations, la Haute Autorité de santé (HAS) souligne l'intérêt de l’accompagnement par un professionnel, des traitements nicotiniques de substitution (TNS), de l’aide à distance (par téléphone ou Internet) et, en seconde intention, de la varénicline et du bupropion. Concernant la cigarette électronique, la HAS préconise seulement de ne pas décourager une personne qui aurait choisi cette approche comme outil de sevrage. Son efficacité n'est pas encore pleinement démontrée malgré des résultats encourageants mis en évidence dans une récente revue Cochrane.
Moins de 20 % des fumeurs ont recours à la e-cigarette
D'après les auteurs, les études portant sur les associations entre l’utilisation de ces méthodes et la réussite du sevrage en conditions réelles sont rares, alors mêmes qu'elles « apportent une information complémentaire, tenant compte des préférences des fumeurs et de l’observance réelle des méthodes ».
Au total, 1 422 fumeurs ou ex-fumeurs quotidiens ayant fait leur dernière tentative d’arrêt du tabac d’au moins sept jours entre janvier 2015 et septembre 2016 (soit avant la promotion du « Mois sans tabac ») ont été interrogés en 2017 (échantillon représentatif).
Ils sont 14,8 % à avoir déclaré utiliser une cigarette électronique sans traitement nicotinique de substitution (TNS) lors de leur dernière tentative, 11,7 % [9,8-14,0] à avoir utilisé des TNS sans cigarette électronique, 2,8 % [1,9-4,1] une cigarette électronique associée à des TNS et 1,6 % [0,9-2,6] un médicament prescrit par un médecin autre qu'un TNS.
Une majorité des personnes interrogées (69,1 % [66,1-71,9]) n'a donc eu recours à aucune de ces aides. « Néanmoins, le taux d’utilisation de ces aides, en particulier de la cigarette électronique, a pu progresser depuis », soulignent les auteurs.
Un taux de réussite qui diminue au fur et à mesure des tentatives
L'enquête montre que les femmes ayant arrêté de fumer au moins 6 mois en 2017 étaient davantage associées à un niveau de revenu élevé, à l’obésité, à un mode d’arrêt radical et au fait de n’avoir jamais essayé d’arrêter de fumer auparavant. Aucune association significative en fonction de l'aide utilisée n'a été retrouvée.
Du côté des hommes, l'abstinence tabagique d'au moins six mois au moment de l'enquête était corrélée à un âge plus avancé, au surpoids et à l’obésité, à un mode d’arrêt radical et au fait de n’avoir jamais essayé d’arrêter de fumer précédemment. Concernant les hommes qui avaient déjà tenté d'arrêter auparavant, le recours à la cigarette électronique semble avoir augmenté les chances de réussite lors de la dernière tentative.
« Au niveau populationnel, les chances de succès diminueraient à mesure que le nombre de tentatives d’arrêt augmente, puisque les individus pour lesquels l’arrêt du tabac est plus facile ont besoin de moins de tentatives d’arrêt avant de parvenir à arrêter de fumer », notent les auteurs.
Non-prise en compte de la dépendance tabagique
Ils précisent par ailleurs que « les associations relevées ici ne doivent pas être interprétées comme des relations de cause à effet, mais plutôt comme permettant un suivi du statut tabagique à moyen terme, en fonction des aides à l’arrêt du tabac utilisées ».
Une des limites de l'approche est de n'avoir pas pris en compte le niveau de dépendance tabagique, un facteur prédictif de la réussite du sevrage. « La réussite du sevrage telle que constatée dans cette étude tient peut-être moins à l’efficacité intrinsèque des aides utilisées qu’aux facteurs qui ont conduit au choix de ces aides, liés aux préférences des individus et/ou des prescripteurs (biais d’indication) », ajoutent les auteurs, estimant que les efforts de recherche sont à poursuivre pour mieux caractériser les trajectoires du sevrage tabagique.
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