À la faveur de la crise sanitaire, la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) constate une « prolifération des signalements dans le domaine de la santé et du bien-être ». Dans un rapport daté du 25 février, l’organisation a relevé 80 signalements en lien direct avec la crise sanitaire entre mars et juin 2020.
Au total, en 2020, 3 008 signalements, dont 686 évalués comme « sérieux », ont été enregistrés (contre 2 800 cas en 2019), dont 40 % dans le domaine de la santé et du bien-être. « Ce phénomène s’accentue, tant la demande est forte », est-il souligné.
Le rapport a ainsi identifié « tout un panel de protocoles allant du bien-être psychique au complément (voire au remplacement) des méthodes conventionnelles de soins pour des pathologies parfois lourdes ».
Les femmes apparaissent plus touchées par ces « manipulations mentales », en raison notamment de mécanismes de prédation sexuelle et d’une plus grande fragilité économique. Le phénomène sectaire est également plus présent dans les départements ruraux et en outre-mer, tirant notamment profit de la désertification médicale.
Les signalements en matière de santé mettent en avant les effets déviants de certaines pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique (PNCAVT) et les agissements de certains « pseudo-thérapeutes ». Parmi les nouvelles tendances identifiées, la Miviludes cite les stages de jeûnes extrêmes ou le « crudivorisme » (consommation exclusive d’aliments crus), promu par Thierry Casasnovas, objet de plus de 600 saisines, dont 70 en 2020.
Des thérapies « parallèles » alimentées par la crise sanitaire
Ces pseudo-thérapeutes surfent sur trois idées principales : « l’approche médicale ne prend pas en compte l’humain dans son ensemble », « la santé publique est sous l’influence de l’industrie pharmaceutique » et « toutes les solutions sont à trouver dans la nature ou en soi ».
Des thérapies « parallèles » ont également exploité la crise sanitaire en « visant un public fragilisé par l’inquiétude et souvent la solitude » et en entretenant une défiance à l’égard de la vaccination. « Les offres d’accompagnement de ceux qui souffrent ou ont souffert du confinement ont été nombreuses et inquiétantes, car elles s’adressent à des personnes fragilisées et déstabilisées par le contexte anxiogène », lit-on.
Autre phénomène identifié et entretenu par la crise : les discours complotistes ne relèvent pas en eux-mêmes de dérives sectaires, mais peuvent répondre aux « critères de dérives et de nocivité ». La Miviludes mentionne l’exemple d’un groupe installé dans le village de La Salvetat-sur-Agout qui « aurait poussé une femme atteinte d'un cancer de l'utérus à ne pas se faire soigner et l'aurait étouffée après un jeûne imposé ».
Ces nouvelles pratiques n’ont pas fait disparaître d’autres mouvements plus anciens. Les dérives sectaires dans le domaine religieux connaissent notamment un regain d’activité avec des courants apocalyptiques. Les pratiques de développement personnel aux coûts exorbitants, les thérapies de conversion, ou encore l’exorcisme persistent également.
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