FACE AUX DÉFECTIONS de ses amis qui ont rejoint le Nouveau Centre ou ont préféré un portefeuille ministériel, François Bayrou réaffirme : « Je suis inébranlable ». On lui reconnaîtra son stoïcisme, mais on est en droit de se demander s’il a été efficace. Le recul du MoDem ne saurait être séparé du mode de gouvernement de M. Bayrou ni de ses intentions. Il a en effet conçu son parti comme une machine capable de le faire élire président de la République beaucoup plus que comme un véhicule programmatique. En cherchant à se distinguer de la droite en toute circonstance, il a déçu beaucoup de centristes qui n’ont jamais eu la moindre affinité avec la gauche. Les nombreuses dissidences qui se sont manifestées en 2007, puis après, ont été dictées principalement par le sentiment qu’en dehors du destin de M. Bayrou, le reste, la création d’un grand parti, ne comptait guère, bien que le président du MoDem ait décrit en long et en large, au cours de ses diverses campagnes, ses idées et ses projets.
Une contradiction.
Aujourd’hui, il n’échappe pas à cette contradiction originelle entre des ambitions purement personnelles et les moyens de les satisfaire. Le comble de cette contradiction a été atteint au début de l’été dernier quand Marielle de Sarnez, la plus proche de ses proches, est allée dire à une réunion organisée par les socialistes que le MoDem était prêt, en quelque sorte, à rallier la gauche. Laquelle regardait alors avec avidité le supplément de piétaille que pouvaient lui apporter les centristes, mais conservait son propre programme, qui est de mettre un ou une socialiste à l’Élysée. Le centrisme est un exercice de funambule : s’il penche à droite ou à gauche, il tombe et disparaît.
LE CENTRISME EST UN EXERCICE DE FUNAMBULE : S’IL PENCHE À DROITE OU À GAUCHE, IL TOMBE
L’échec du PS aux élections européennes (il a fait jeu égal avec Europe-Écologie) l’aurait encore rapproché du MoDem si celui-ci, déjà, n’avait pas obtenu un score modeste (moins de 9 %, soit deux fois moins que celui de M. Bayrou au premier tour de la présidentielle en 2007). Un signal d’alarme qui aurait dû conduire M. Bayrou à changer en hâte sa gouvernance, à renoncer à la présidence de la République, et à exercer ce qu’il peut avoir de charisme au service des élus du MoDem plutôt qu’à son propre service. Depuis trois ans, on observait bien que la différence centriste était très difficile à définir, que le MoDem n’avait pas la force et la vision nécessaires pour représenter une alternance à la fois à la gauche et à la droite ; et, en somme, que M. Bayrou n’avait en réalité qu’une ressource, celle de s’en prendre au pouvoir parce que c’est le seul moyen d’acquérir un peu de relief, mais aussi une ressource dangereuse parce que son discours, cruel pour la majorité, le gauchise un peu plus chaque jour. Si tout ça ne servait qu’à rejoindre à terme les socialistes pour les aider à construire une majorité, comme a semblé le faire Mme de Sarnez avec l’accord de M. Bayrou, le jeu perdait toute sa subtilité et, surtout, sa cohérence.
Une ambition dévorante.
Un scrutin, c’est un volume. Il n’y a jamais que 100 % des voix. En 2009, les écologistes ont fait un tabac. Certes, ils ont pris des suffrages aux socialistes. Mais aussi au MoDem. Aujourd’hui, les sondages semblent indiquer un tassement des Verts, une forte remontée (7 points) des socialistes. Il fallait bien prendre ces voix quelque part. C’est le MoDem qui a fait les frais de la poussée des écologistes et de la convalescence du PS. Ce phénomène ne se serait peut-être pas produit si M. Bayrou n’avait lassé d’une part ses propres troupes, largement tentées par la défection, et d’autre part l’opinion, qui devine que, sous la recherche d’une société plus juste, pointe une ambition personnelle dévorante.
La chute de la maison Modem a aussi des effets à gauche : elle ruine, pour commencer, la stratégie de Ségolène Royal, l’ouverture au centre, au profit d’un ancrage du PS à la gauche de la gauche, que Martine Aubry assumera sans états d’âme (mais pas Dominique Strauss-Kahn). Il ne faut pas s’y tromper : si, aux régionales, les Verts sont à 10 %, le MoDem à 4 %, le PS à 28 %, les socialistes seront libres, pour 2012, de ne chercher aucun appoint au premier tour de la présidentielle. Ils ne conclueront des alliances qu’après s’être imposés comme le premier parti d’opposition. Le PS revient de loin : l’ascension des Verts aux élections européennes aurait pu se poursuivre, ce qui leur aurait permis de discuter d’égal à égal avec les socialistes. Quoi qu’il en soit, le MoDem n’est plus dans la course. Sauf s’il y a un miracle.
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