NICOLAS SARKOZY a été passé à plusieurs reprises, par plusieurs journaux, au crible des promesses tenues ou non tenues. La plupart de ces analyses donnent lieu à des résultats qui varient mais qui montrent que plusieurs réformes, parfois importantes, comme celle de l’autonomie des universités ou celle de la justice, pour n’en mentionner que deux, ont été adoptées et sont mises en vigueur. M. Legrand constate que M. Sarkozy avait juré de mettre en uvre les dispositions recommandées par le rapport Attali, mais qu’il a reculé sur la réforme des taxis. C’est vrai. Mais il faut distinguer deux éléments importants : d’une part les réformes contestées par l’opposition qui ne les considère pas comme telles et estime qu’elles ne font qu’aggraver la situation des Français (par exemple le bouclier fiscal ou la suppression des impôts sur les successions entre époux) ; et les autres, celles dont la gauche dit qu’elles ne sont pas appliquées ou demeurent inachevées. Du point de vue de M. Sarkozy, cependant, les réformes inspirées par la logique économique correspondent bel et bien à un changement positif.
La gestion de la crise.
Il n’y a, affirme notre confrère, « ni dictature ni rupture », il n’existe qu’une « monarchie républicaine » et un personnage qui serait, selon lui, un « Chirac en sueur. (M. Sarkozy) sonne la charge alors qu’il bat en retraite ». C’est le rôle de tout commentateur d’assortir son propos de quelques belles formules. Il n’empêche que le talent ne saurait cacher la vérité. Le paradoxe qui voudrait que cet animal politique ne produirait que du vent et dont les propos tonitruants remplaceraient l’action politique ne tient pas. Il n’y a pas que les réformes. Il y a surtout la conduite des affaires en temps de crise. Et si M. Sarkozy a, en 2010, une situation de l’emploi désastreuse qu’il doit combattre en priorité, sa gestion de la crise économique et financière a sauvé l’essentiel. Même M. Legrand devrait lui en être reconnaissant. Enfermer l’action du chef de l’État dans une formule qui rappelle une chanson de Julien Clerc, c’est peut-être amusant, mais cela ne suffit pas à décrire le travail du président.
SI SARKOZY N’EST RIEN, AUCUN PRÉSIDENT N’EST QUOI QUE CE SOIT
À qui il faut ajouter que, si la manie des promesses électorales impossibles à tenir ultérieurement est déplorable, elle est partagée par tous les chefs d’État et de gouvernement. M. Sarkozy ne se singularise guère dans un aréopage où les leaders les plus mesurés et consciencieux, comme Angela Merkel, n’hésitent jamais à changer d’avis sous la contrainte de la dure réalité. Prenons comme exemple le président qui a soulevé à ce jour le plus d’admiration : Barack Obama. Aussi sincère, aussi brillant, aussi éloquent, aussi convaincant qu’il soit, le président des États-Unis n’a pas tenu une promesse très symbolique, la fermeture de Guantanamo. Sa réforme de l’assurance-maladie est mal partie. On lui reproche même sa gestion de la crise, à cause d’un chômage élevé et durable, alors qu’il a travaillé au moins aussi bien que Nicolas Sarkozy. Il tente aujourd’hui de réformer les banques tout en mentionnant la puissance des lobbies financiers. Alors, Obama, ce n’est rien qu’un président qui fait perdre du temps aux Américains ? N’existe-t-il pas, entre la durée du mandat et le nombre de changements accomplis, un lien direct ? M. Sarkozy ou M. Obama peuvent-ils être jugés avant la fin de leur mandat ? On nous permettra d’opposer à leurs détracteurs une réflexion sartrienne : tant qu’un individu n’est pas mort, il peut tout changer, tout refaire, tout recommencer. Indéniablement, le fameux plan Marshall pour les banlieues n’a été qu’une coquille vide, l’Union pour la Méditerranée n’a pas vu le jour, le recul du pouvoir à propos des taxis est lamentable. Mais il en va de la France comme de l’Amérique, de Sarkozy comme d’Obama, deux hommes qui n’ont rien en commun du point de vue de leurs caractères, mais doivent accomplir des tâches similaires : assurément, les Américains et les Français souhaitent que leurs gouvernements s’intéressent davantage à leur sort personnel. Il n’empêche que les orientations adoptées aujourd’hui auront un effet dans l’avenir proche. Aux États-Unis, la réforme de l’assurance-maladie n’est pas vraiment un problème de santé publique, c’est un choc politique entre l’Amérique libérale et l’Amérique réactionnaire. Si elle passe, d’autres réformes, comme celle des banques, suivront. En France, l’emprunt de 35 milliards aggrave la dette, mais au bout d’investissements qui devront être judicieux, il y aura un regain de croissance, donc des emplois.
On note des différences de forme entre Obama et Sarkozy. On ne peut pas pour autant les chasser d’un revers de la main de la scène politique. L’un et l’autre laisseront une trace profonde dans les deux sociétés. Il suffit, pour s’en convaincre, de noter que la gauche se divise sur les retraites. Quelle division ? Celle qui sépare les nostalgiques du tout-État et les pragmatiques.
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