MARIANO RAJOY a toutefois indiqué, à plusieurs reprises, qu’il engagerait une politique d’austérité. Bien que le taux d’abstention ait été supérieur à 50 %, ce qui montre la désaffection du peuple à l’égard de la politique, les Espagnols ne peuvent s’attendre à une rapide réduction du taux de chômage, qui atteint 21 %, à une relance de l’immobilier, dont la bulle a explosé en laissant vides des centaines de milliers de logements neufs, ou à une diminution de l’endettement dans les mois qui viennent. La violence de la crise en Espagne tend à démontrer que la prospérité des années antérieures à 2008 était artificielle. La péninsule ibérique est l’exemple caricatural de ce qui s’est passé un peu partout dans le monde industrialisé depuis le début du XXIè siècle : la dette a nourri le développement économique (et la folie des logements neufs) jusqu’au jour où les États ont été placés devant leurs responsabilités. La leçon est brutale, mais simple : si les sociétés américaine et européennes avaient pratiqué plus tôt une politique de stabilité budgétaire, ils n’auraient pas connu la croissance des dix dernières années. Elles n’ont réussi qu’à éloigner d’une décennie une échéance tragique. Mais les sacrifices qu’elles auraient dû faire plus tôt leur auraient permis aujourd’hui d’envisager une avenir meilleur.
Le malentendu démocratique.
En tournant le dos au scrutin, la moitié des Espagnols a prouvé qu’elle ne croyait pas aux recettes de la démocratie, que droite et gauche sont également impuissantes devant la crise de la dette, que, à défaut de mesures draconiennes et peut-être révolutionnaires, il ne peut y avoir de salut que dans un surcroît de solidarité européenne. Le refus des autorités allemandes de donner à un organisme de l’Union européenne le pouvoir de prêter aux États à des taux d’intérêt très bas, qu’il s’agisse de la Banque centrale européenne (BCE) ou du Fonds européen de stabilité financière (FESF), continue de poser un problème qui va s’aggravant. En effet, on n’a pas vu que les sommets répétitifs de Bruxelles ou le G20 de Cannes aient rassuré les marchés. Lundi, au lendemain des élections espagnoles, ils étaient en chute libre, exprimant leur défiance à l’égard d’un parti pourtant conservateur et traditionnel. L’arrivée à la tête du gouvernement italien de Mario Monti, dont l’équipe apolitique est composée de technocrates, ou, à Athènes, de Lucas Papademos, qui a remplacé Georges Papandréou et nommé des ministres sortants, en y ajoutant un zeste bizarre d’extrême droite, n’a guère enthousiasmé les Bourses. En France, le gouvernement répète à l’envi qu’il n’a pas besoin de troisième plan. Une agence de notation, Moody’s, n’en menace pas moins de dégrader la note française.
LES NOUVEAUX GOUVERNEMENTS EUROPÉENS NE SONT PAS MIEUX ARMÉS CONTRE LA CRISE
Comme nous l’avons déjà expliqué dans ces colonnes, la crise est celle de la dette, pas celle de l’euro. Le problème vient certes du montant excessif des dettes souveraines, mais il devient encore plus pressant avec les échéances de remboursement qui contraignent les États à emprunter d’urgence à des taux d’intérêt de plus en plus élevés. Les choses se passent sur le terrain, pas dans la tête des gens ou conformément à la volonté des pouvoirs politiques. La France bénéficie encore du triple A des agences de notation, mais le fameux « spread » des taux d’intérêt augmente chaque jour : avant même la dégradation plus que probable de sa note, la France emprunte à un taux supérieur de 2 % à celui dont l’Allemagne bénéficie. Le spread est de 5 % entre l’Allemagne d’une part, l’Italie et l’Espagne d’autre part.
Notre voisin d’outre-Rhin récolte le résultat des réformes mises en œuvre il y a dix ans, réformes que n’ont réalisées ni la France ni l’Italie ni l’Espagne. En attendant que les nouveaux gouvernements à Rome, à Madrid et bientôt à Paris soient décidés à lancer de telles réformes, on peut craindre que des mesures d’urgence transitoires ne deviennent indispensables. La chancelière Angela Merkel est au pied du mur. Elle constate que les dispositions adoptées par l’Union européenne avec son accord ne suffisent pas à éteindre l’incendie et que la solution se situe probablement dans les mesures que préconisait Nicolas Sarkozy, sans qu’il eût gain de cause : à savoir, la création d’un fonds collectif européen des dettes souveraines, un taux d’intérêt imposé par la BCE ou par le FESF, et une émission d’euros suffisante pour couvrir les nouveaux emprunts. Les Allemands peuvent faire de la lutte contre l’inflation une idée fixe, ils n’en seraient pas moins écrasés par des faillites italienne, espagnole ou française qui les priveraient de leurs principaux partenaires commerciaux.
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