Après l’attentat contre Charlie Hebdo, l’aumônier national musulman lance, par l’intermédiaire du « Quotidien », un appel à une action solidiaire des culltes représentés dans les hôpitaux. Catholiques, protestants et israélites soutiennent et rejoignent cette initiative. Une première dans l’histoire de la laïcité à l’hôpital.
« Après les actes de barbarie et le choc ressenti dans le monde entier, c’est maintenant le moment de la solidarité et de la fraternité », estime l’aumônier national musulman des hôpitaux, Abdelhaq Nabaoui. Nommé en 2006 par le CFCM (Conseil français du culte musulman), à la tête d’une cinquantaine d’aumôniers-imams, Abdelhaq Nabaoui juge que les représentants des cultes doivent aujourd’hui « réagir conjointement. Cette réaction est d’autant plus urgenteet nécessaire, souligne-t-il, qu’exacerbée par les événements et alimentée par diverses campagnes qui jettent de l’huile sur le feu, l’islamophobie atteint un point culmuinant dans la société française avec des risques d’amalgame entre des actions terroristes et cette belle religion foncièrement pacifique qu’est l’islam. Je propose donc à mes homologues que nous nous rejoignons dans une action solidaire et fraternelle dans ces lieux de compassion et de laïcité que sont les hôpitaux publics ».
Laboratoires du vivre ensemble.
Contactés par « le Quotidien », les aumôniers nationaux acquiescent. « Depuis plusieurs années, rappelle l’aumônier national catholique, Denis Lamblin, les hôpitaux sont des laboratoires du vivre ensemble des cultes, avec le partage des lieux de prière et des locaux administratifs, autour de la prise en charge de la souffrance, qui nous presse à aller à l’essentiel au chevet des malades. Aujourd’hui, nous avons à porter plus fort et plus publiquement ce témoignage commun des religions. Une telle initiative est d’autant plus importante qu’elle émane de l’aumônier national musulman. »
« Nous ne pouvons qu’adhérer également à cette proposition, annonce l’aumônier national protestant, Isabelle Mekuchel. La vigilance des représentants de religions, l’expression de leur confiance mutuelle les uns dans les autres, s’impose alors que nous vivons un changement de monde, avec des phénomènes de repli et des affrontements inquiétants. Dans les hôpitaux, aux côtés des personnes vulnérables, nous nous devons de mettre en avant notre unité dans notre diversité. »
Plus circonspect, le rabbin Michaël Journo, aumônier national israélite, tout en donnant son accord à « l’initiative louable de Monsieur Naoubi », met en garde contre « une belle photo et un affichage médiatique qui risquerait de faire de la fraternité un mot creux. Pour combattre le fanatisme et le terrorisme, nous ne saurions nous contenter d’une manifestation des dignitaires nationaux, nous devons nous mettre autour de la table pour travailler à des actions concrètes à la base, sur le terrain, dans les établissements. C’est tout un apprentissage civique de la tolérance qui doit nous mobiliser désormais, les uns et les autres, les uns avec les autres. »
La rencontre des quatre aumôniers nationaux des hôpitaux, qui devrait intervenir cette semaine, constitue une première dans l’histoire de la laïcité en France.
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