Un centre éphémère de vaccination ouvrira mercredi 26 mai dans le quartier de Bordeaux où a été découvert un cluster de 50 cas positifs à un variant préoccupant, a indiqué Bénédicte Motte, la directrice pour la Gironde de l'Agence régionale de santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine.
Quelque 19 000 doses supplémentaires de Pfizer et Moderna ont été débloquées afin de vacciner rapidement toute la population majeure du quartier de Bacalan, dans le nord de la ville, auprès de laquelle une opération de dépistage massif a été lancée vendredi 21 mai à l'annonce du cluster par l'ARS.
Cinquante personnes ont été testées positives à ce variant dit VOC 20I/484Q, « déjà connu mais très rare » et classé comme « préoccupant » par Santé publique France. « Ce variant a le visage du variant anglais et a acquis plusieurs mutations supplémentaires dont une, la 484Q, a expliqué à l'AFP le Pr Denis Malvy, infectiologue au CHU de Bordeaux et membre du Conseil scientifique Covid-19. Elle est connue sur certains variants indiens mais il l'a acquise ici de manière autochtone. On sait qu'elle est associée à la transmissibilité. On l'avait déjà repérée en France de manière sporadique mais seulement dans des collectivités fermées et de manière semi-confidentielle ».
Vaccination massive, rapide et transgénérationnelle
Les personnes positives sont jeunes − des enfants et parents d'enfants − et ne sont pas vaccinées. « Il n'y a pas eu de décompensation, d'hospitalisation, de gravité, assure la directrice de l'ARS en Gironde. Cela montre que ce variant n'est pas différent du Covid-19 auquel nous sommes habitués. L’intuition actuelle, c'est qu'il serait plus transmissible que les autres ».
L'originalité de la situation bordelaise, pour le Pr Malvy, c'est que ce variant connaît une diffusion communautaire, c'est-à-dire non restreinte à des espaces circonscrits, comme une résidence pour personnes âgées ou un centre hospitalier. « La stratégie de screening (tester, isoler, tracer) et de vaccination en ceinture, autour de la collectivité en question, est difficile à faire dans le cas bordelais car il y a trop de chaînes de transmissions », a décrit l'infectiologue.
D'où la décision des autorités sanitaires de décider une action territoriale, sur un bassin de population élargi par rapport à l'endroit où les chaînes de transmission sont apparues. « Cette stratégie comporte du screening et une vaccination massive, rapide et transgénérationnelle, a poursuivi le Pr Malvy. Ce dernier point est d'autant plus nécessaire que ce cluster concerne surtout des jeunes, qui font des formes simples ».
Un modèle à retenir
Pour Bénédicte Motte, le dépistage doit être l'occasion de dire aux gens testés négatifs d'aller se faire vacciner rapidement. « Nous aurons trois vecteurs à notre disposition, a-t-elle ajouté. Le centre éphémère à Bacalan qui sera ouvert mercredi, les centres de vaccination déjà existants de Bordeaux-Lac, Mérignac et du Bouscat dont les capacités seront boostées, et enfin 17 pharmacies du quartier Bordeaux-Maritime (dont font partie Bacalan et ses 8 000 habitants) qui recevront des doses de Moderna » .
Pour le Pr Malvy, cette opération est inédite en France. « S'il y avait une originalité dans cette situation bordelaise, ce serait la manière dont l'intervention vaccinale est conduite, a-t-il souligné. Elle est audacieuse dans sa forme. Elle sera sans doute prise comme modèle lorsque ce type de cluster se renouvellera ». Car pour le membre du Conseil scientifique, « cela ne saurait manquer, tant que continue la course-poursuite entre le virus et la rapidité avec laquelle la communauté va acquérir son immunité collective, notamment en Aquitaine où le virus a peu circulé ».
Le cœur de la question, c'est donc la rapidité de déploiement de la vaccination « pour prendre de court le virus et faire en sorte qu'il ait de moins en moins de moyens de produire des variants », a rappelé l'infectiologue.
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