Les médecins pendant la Grande Guerre

Comment le conflit a modifié l’organisation des soins militaires

Publié le 26/06/2014
Article réservé aux abonnés
1403745117532633_IMG_132544_HR.jpg

1403745117532633_IMG_132544_HR.jpg
Crédit photo : AFP

À la veille de la mobilisation générale, décrétée le 2 août 1914, l’armée française ne comptait que 1 700 médecins d’active, rejoints au fil des mois par près de 20 000 médecins réservistes appelés… dont une seule et unique femme (voir encadré). Le Service de Santé aux Armées fut, après l’infanterie, le corps qui subit en proportion le plus de pertes pendant la guerre : 1 400 médecins et étudiants en médecine, et près de 10 000 infirmiers et brancardiers, ne revinrent pas du conflit.

Dès les premières hécatombes du mois d’août, en Champagne et sur la Marne, les structures sanitaires révélèrent leur inadaptation : mal équipées, trop peu nombreuses, elles n’avaient pas anticipé l’usage massif de l’artillerie, causant des plaies multiples et toujours infectées, très différentes des plaies par balles ou par arme blanche des conflits précédents. Au cours des mois qui suivirent, le Service de santé mit en place une véritable chaîne de secours, avec des postes de secours mieux équipées à l’avant, des centres de triage et une hiérarchisation plus précise des hôpitaux, les plus grands étant situés à l’arrière.

Création des « autochir »

Les « autochir », petits hôpitaux mobiles équipés de salles d’opérations apparaissent en 1915, permettant des interventions proches des zones de combats.

Mais avant d’être pris en charge dans les postes de secours, les soldats blessés devaient d’abord y être amenés par les brancardiers, itinéraires périlleux et souvent très longs, qui aggravaient encore l’état des victimes. En dépit d’une imagerie abondante, il est difficile de se figurer, aujourd’hui, l’afflux des blessés dans les abris, les postes de secours et les hôpitaux de première ligne, hâtivement installés dans les églises, les mairies et les écoles des villes et villages proches du front. Les blessures souvent effroyables des soldats ont permis, mince consolation, à la chirurgie de faire d’importants progrès, notamment dans des disciplines jusque-là peu répandues, comme la chirurgie maxillo-faciale. Au cours des quatre années de guerre, la chirurgie, l’hygiène et l’organisation générale des soins réaliseront d’importants progrès, améliorant la survie des soldats, dont beaucoup de blessés garderont toutefois jusqu’à la fin de leur vie les séquelles des combats. Les « gueules cassées », défigurées par les obus et les éclats, mais aussi les gazés, qui souffriront toute leur vie de graves troubles respiratoires, font partie, avec les amputés et « éclopés » des symboles tragiques de la Grande Guerre.

Denis Durand de Bousingen

Source : Le Quotidien du Médecin: 9338