Aphro-Cov : tel est le dernier-né des programmes pilotés par le consortium REACTing, dédié à endiguer l'épidémie de Covid-19 qui menace le continent africain.
Subventionné à hauteur de 1,5 million d'euros par l'Agence française de développement (AFD), ce dispositif piloté par l'INSERM, via REACTing, vise à améliorer la veille sanitaire et la prise en charge des cas suspects dans 5 pays d'Afrique : Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, Gabon, Mali, Sénégal.
Soutenir les laboratoires, les CHU et les instituts de santé publique
Concrètement, le programme, qui entend former et renforcer les structures africaines existantes, cible 4 objectifs. Il s'agit d'abord de soutenir les 5 laboratoires hospitaliers à proximité des services de maladies infectieuses, appelés à prendre en charge les cas suspects, afin de réduire le délai de rendu des résultats, en complément des circuits impliquant des laboratoires de référence nationaux ou régionaux.
Le dispositif entend aussi renforcer les capacités des services de maladies infectieuses des 5 CHU référents en matière d’hygiène hospitalière, d’adéquation de la prise en charge et de soutien psychologique aux patients et personnels concernés. Il doit aussi appuyer les Instituts nationaux de santé publique et leurs centres des opérations de réponse aux urgences sanitaires (CORUS) en matière d’alerte précoce et de surveillance des cas suspects ou confirmés. Enfin, Aphro-Cov prévoit des formations en sciences sociales pour mieux guider les réponses des décideurs, notamment en termes de communication.
« Nous vivons dans un monde en commun et une stratégie de sécurité sanitaire exclusivement nationale serait, par nature, incomplète. Pour endiguer cette pandémie, il est par conséquent essentiel de renforcer la coopération sanitaire internationale », fait valoir Gilles Bloch, président-directeur général de l’INSERM. « Cette coopération doit être fortement renforcée avec les pays les moins bien armés, notamment en Afrique où l’avenir de la pandémie pourrait se jouer », insiste Rémy Rioux, directeur général de l’AFD.
Une quarantaine de pays africains touchés
« Il faut agir au plus vite si nous voulons éviter l’hécatombe en Afrique », a de son côté interpellé le Dr Denis Mukwege, gynécologue Prix Nobel de la paix, dans les colonnes du « Monde ».
« La population perçoit très clairement le danger. Mais la réalité africaine est cruelle : la pandémie nous guette, et le confinement est pratiquement impossible », explique le médecin congolais, appelant à miser sur la prévention, faute de structures sanitaires et d'équipement nécessaires pour faire face au Covid-19.
Selon l'Organisation mondiale de la santé, une quarantaine de pays africains seraient désormais touchés, contre un seul il y a un mois. Au 29 mars, l'Afrique déplorait 142 décès et 4 569 cas, selon l'estimation l'AFP.
« La situation est très préoccupante avec une évolution dramatique : une augmentation géographique du nombre de pays et aussi l'augmentation du nombre de cas infectés », a considéré Matshidiso Rebecca Moeti, directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique.
Alors que la vie en communauté est une réalité très prégnante, mettant en péril les stratégies de distanciations sociales, « nous devons trouver d'autres moyens d'hygiène pour minimiser la propagation du virus », a-t-elle relevé, appelant à adapter les mesures au contexte africain. Mi-mars, le directeur de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait appelé l'Afrique à se réveiller, sous peine de devoir se préparer au pire.
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