La France semble retenir son souffle face à l'épidémie de Covid-19, alors que la circulation du virus se maintient à un niveau très élevé et que les variants continuent leur progression.
Du 1er au 7 février 2021, toujours près de 20 000 nouveaux cas (19 858 exactement) sont confirmés en moyenne chaque jour, selon le dernier bulletin épidémiologique de Santé publique France (SPF).
Environ 20 % de variants
La diffusion des variants s'accélère. Le ministre de la Santé Olivier Véran a estimé, lors d'une conférence de presse ce 11 février, que le variant britannique était probablement « responsable de 20 à 25 % des infections », tandis que les variants sud-africain et brésilien représenteraient 4 à 5 % des cas positifs.
Santé publique France ne dispose pas encore de toutes les données du séquençage de la deuxième enquête Flash, réalisée le 27 janvier. Les premières données issues du criblage des tests positifs par technique TFS (thermofischer Scientific) dans 87 laboratoires, font état de 13,2 % de suspicions de variants 20I/501Y.V1 (UK).
En utilisant une autre technique (criblage par RT-PCR spécifique recherchant la mutation N501Y), 136 autres laboratoires trouvent, eux, 17,5 % de suspicion de variants britannique, sud-africain (20H/501Y.V2) ou brésilien (20J/501Y.V3). Autant de résultats bien supérieurs au 3,3 % de prévalence de variants retrouvés lors de l'enquête flash numéro 1, début janvier.
Par ailleurs, 270 variants ont été confirmés par séquençage. Leur analyse confirme la prédominance du variant britannique : pour 100 variants V1, on recense au même moment 10 variants V2 et un de V3. Une troisième enquête flash est prévue le 16 février.
Malgré cette tendance à l'augmentation des variants, les indicateurs ne s'affolent pas même s'ils reflètent une situation tendue dans les hôpitaux (stabilisation du nombre de patients hospitalisés aux alentours de 26 000, des entrées en réanimation, du nombre de décès hebdomadaire, etc.).
Cela peut s'expliquer, selon Daniel Lévy-Bruhl par un jeu de compensation, entre une diminution du taux de reproduction (R) des souches de 2020 grâce au respect des mesures barrières et l'apparition des nouveaux variants. « Le pire n'est pas certain. Mais l'on voit mal comment la diffusion des variants observée à l'étranger pourrait nous épargner. Malheureusement, un scénario pessimiste reste d'actualité », a commenté l'épidémiologiste.
« Les prochaines semaines nous diront si cela a suffi ou si nous devons nous résigner à prendre des mesures complémentaires de type confinement », a indiqué Olivier Véran.
La Moselle auscultée par Véran, le dépistage renforcé
La circulation du virus et de ses variants est hétérogène sur le territoire. Début février, les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur, Île-de-France, Hauts-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes, présentent les plus forts taux d’incidence et de positivité, ainsi que des taux d’hospitalisation parmi les plus élevés en métropole.
La Moselle en particulier affiche un taux d'incidence de 284 cas positifs pour 100 000 habitants, contre 276 la semaine précédente (et 201 en moyenne nationale), selon SPF. « Le nombre de cas de variants augmente, avec plus de 100 nouveaux cas par jour sur ce territoire, en particulier dans le nord, a précisé le ministre de la Santé depuis Metz, ce 12 février. Et les premiers séquençages indiquent qu'il s'agit bien de variants d'origine sud-africaine ». Certaines contaminations correspondent à des clusters (hôpitaux, hébergements collectifs), mais d'autres sont individuelles, et non liées à des voyages. « Il y a donc une diffusion communautaire de ces variants », a déduit Olivier Véran.
Il a annoncé la mise en place d'une stratégie de dépistage et d'isolement renforcée. « Tout cas positif sera suspect d'être un variant » a-t-il dit. Ce qui implique : un contact-tracing élargi, une mise à l'abri accompagnée, un isolement de 10 jours avec une RT-PCR avant la sortie de l'isolement et des tests dès le premier jour chez les cas contacts. En outre, le département, dont 75 % des résidents d'Ehpad ont déjà reçu une injection, recevra 10 000 doses supplémentaires du vaccin Moderna pour vacciner les personnes âgées de 75 ans et plus. Les centres de vaccination resteront ouverts ce week-end.
Alors que le maire LR de Metz, François Grosdider, souhaite un confinement local sans délai, contrairement au président UDI du conseil départemental, Patrick Weiten, qui évoque une fermeture anticipée des écoles dès ce soir, Olivier Véran a réservé sa réponse à une discussion avec son homologue de l'Éducation Nationale Jean-Michel Blanquer. Et de promettre une réponse imminente.
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